Congo – Enjeux sociopolitiques : Le PCT est désormais seul à la manœuvre

À l'issue des dernières élections législatives, locales, départementales et sénatoriales, le PCT s'est imposé partout, presque sans partage. Dire que le Parti Congolais du Travail est désormais seul responsable des affaires du pays.

Même s'il est constitutionnellement au dessus des formations politiques, le président Denis Sassou N'Guesso demeure bien le président du comité central du Parti Congolais du Travail. Avec le premier ministre Clément Mouamba et les présidents élus, Isidore Mvouba à l'assemblée nationale et Pierre Ngolo au Sénat, tous membres du bureau politique du PCT, le Parti Congolais du Travail a désormais dans ses mains, concentrés, les différents leviers du pouvoir à tous les niveaux.

La chambre basse du parlement a procédé le 2 septembre dernier à la mise en place de ses instances dirigeantes, ainsi que de son cadre juridique. Ce sont au total huit commissions et six unions interparlementaires qui ont été mises en place avec leur président. Partout, le PCT et associés se sont installés, l'opposition ne jouant qu'un rôle mineur, voire résiduel.

Avec l'expression démocratique ayant concouru à la situation, ce n'est pas une unicité de vues politiques ou idéologiques digne du temps du monopartisme, pourtant ça y ressemble.

Qu'il s'agisse du gouvernement dans sa quasi majorité, des bureaux de l'assemblée nationale, du sénat, ainsi que dans les différentes commissions, le PCT a imposé ses cadres et militants, verrouillant carrément tout l'appareil institutionnel du pays.

Autant cette prouesse marque la force d’entraînement du parti et de ses cadres, autant pour les congolais, il est désormais entendu qu'un seul parti devra rendre les comptes sur l'avenir et le devenir du pays, le PCT.

C'est ici que la prouesse électorale devra dans les pratiques au quotidien, s'accompagner d'un savant mélange d'humilité pour faire constamment l'autocritique car, sans opposition crédible et audible, devant parfois baliser la route, le PCT risque de courir vers ses objectifs affichés dans une échappée en roue libre, faute de concurrents. Absorbé par « l'effet tunnel » engendré par la vitesse, il ne verrait pas les aspérités de la voie, et un grave accident est vite arrivé.

C'est le PCT qui est au gouvernement. C'est le PCT qui contrôlera l'action gouvernementale à l'assemblée et au sénat, où les lois proposées par le PCT seront également en débat, sans réelle contradiction, peut-être même à l'adoption sans débat, à défaut de revenir aux "sans ammendements, à l'unanimité, par acclamations, nourries et prolongées", désormais révolues, si on s'en tient à la discipline du Parti.

Les lois de la nature, celles de l'unité et de la lutte des contraires génèrent l'évolution constructive, dans différentes sphères de la vie humaine, voire de la vie tout court. Le manque de contradiction schlérose le débat politique. Ne dit-on pas, de la contradiction jaillit la lumière ? Cette contradiction dialectique risque fort bien dorénavant, d'être absente du débat politique congolais.

La démocratie étant l'expression de la majorité, même quand elle a tout faux, c'est la loi de la majorité qui s'impose bien souvent. Le temps qu'elle se rende compte de ses erreurs, les dégâts sont parfois incommensurables. La conférence nationale avait fait le diagnostic des politiques unitaires, sans divergences de vues.

Pourvu que de par la concentration entre ses mains de tous les leviers du pouvoir de décision, reprenant l'analogie du conducteur, que le PCT ne ressemble pas à un chauffeur roulant sur une route sans panneaux de signalisations, sans marquages au sol, sans feux tricolores, ni sans policiers. Un chauffeur pour qui l'observance des règles du code de la route résulterait de son bon vouloir, voire de son bon sens, selon les circonstances. Hélas, rien n'engage qu'il arriverait sain et sauf à destination.

Bertrand BOUKAKA