Le candidat au poste de directeur général de l'Unesco, Firmin Edouard Matoko, candidat présenté par le Président congolais, Denis Sassou-N'Guesso, a déclaré mercredi 9 avril 2025, qu'il se considère fortement comme le candidat de toutes les nations et de tous les peuples qui luttent pour défendre nos idéaux.
Le Sous-directeur général de l'Unesco pour l'Afrique a fait cette déclaration lors de la séance d'audition de tous les candidats, au siège de l'Unesco situé dans le 7e arrondissement de Paris.
"Je ne viens pas prolonger une trajectoire. Je viens pour ouvrir un cycle. Serviteur fidèle de cette maison depuis des années, je pense modestement la connaître dans ses moindres recoins. Je l’aime profondément. J’en mesure les grandes réussites, et elles sont très nombreuses. Mais je connais aussi ses fragilités : la dispersion des programmes, le poids des processus bureaucratiques, l’instabilité des ressources, la politisation excessive. Ces faiblesses suscitent, à juste titre, des appels à la réforme", a déclaré Firmin Edouard Matoko, candidat de la République du Congo et de son Président Denis Sassou-N'Guesso.
"Mais au-delà des ajustements de programmes que j’ai amplement proposés dans mon document de « vision » (…..), l’époque exige une nouveau regard sur l’avenir. Elle exige que l’UNESCO se réinvente. Non pas dans la rupture, mais dans un nouvel élan conforté par nos acquis les plus significatifs", a précisé M. Matoko avec force et détermination.
Firmin Edouard Matoko crois venu le temps d’un aggiornamento, autour de trois grandes évolutions qui doivent nous amener au-delà de l’horizon 2030.
Dans un monde bouleversé par des conflits multidimensionnels, le candidat de la République du Congo et de son Président Denis Sassou-N'Guesso, lancera un programme spécial “Femmes pour la Paix”, soutenu par la société civile, pour donner de la visibilité et des moyens aux femmes bâtisseuses de paix.
"Leur rôle est souvent méconnu. Il est temps de le reconnaître, de le soutenir, de l’amplifier. Et à notre jeunesse, si souvent sollicitée, et pourtant si rarement entendue, nous devons offrir autre chose que des slogans", a souligné le candidat au poste de directeur général de l'Unesco.
Firmin Edouard Matoko qui a déroulé avec luxe et détails son projet, lancera également, une fois élu, le programme “Générations UNESCO”, pour former chaque année des jeunes (spécialement dans les zones de conflit – post-conflit) aux enjeux de la citoyenneté mondiale, de l’éthique scientifique, du leadership culturel.
"Car en outillant la jeunesse, nous consolidons la paix, nous semons les germes d’une culture de la paix", a martelé M. Matoko. "Je n’ai aucune illusion : sans base financière stable, notre ambition restera vaine ! Une promesse sans suite. Nous diversifierons nos leviers : renforcer la coopération Sud-Sud et triangulaire (N-S-S), élargir les contributions volontaires en établissant de critères innovants alliant flexibilité et prévisibilité, développer des partenariats éthiques, et créer des espaces de dialogue durables et inclusifs avec les partenaires publics et privés. Je proposerai un mécanisme systématique de revue des dépenses de gestion et de l’ensemble des programmes de l’UNESCO, afin d’évaluer leur impact dès le premier dollar investi. C’est une exigence de rigueur, de transparence, mais aussi un acte de confiance envers les États membres, nos partenaires et nos concitoyens envers lesquels nous sommes redevables", a indiqué M. Matoko.
Son ambition est de faire de l’Afrique, une force dynamique sur la scène internationale.
Il veut aussi que l’UNESCO devienne un accélérateur de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et non simplement un partenaire technique et financier.
"L’Afrique ne doit plus être la périphérie de notre action. Elle doit en être le laboratoire. Ma proposition est de créer un Africa Lab, incubateur d’innovations éducatives, scientifiques et culturelles, pensé sur le continent, avec le continent, pour le monde. D’ailleurs c’est un schéma qui pourrait être développé dans d’autres régions qui demandent autant d’attention. Je resterai également ouvert à toutes propositions visant à redessiner l’architecture de nos priorités globales et de nos groupes-cibles", a souhaité M. Matoko.
Firmin Edouard Matoko a refusé d'être un directeur général de procédure, de projets. Il veut tout simplement être un directeur général de vision. Pas celui d’un appareil, mais celui des idées. Pas celui d’une ambition personnelle, mais celui d’un service universel. Pas celui du bruit, mais celui d’une construction sereine, durable, partagée.
"Notre vocation n’est pas d’imiter les autres. C’est de rester fidèles à ce que nous sommes. Et de nous hisser à la hauteur de ce que le monde attend de nous", a conclu le candidat présenté par Denis Sassou-N'Guesso, Président de la République du Congo.
L’actuel Sous-directeur de l’Unesco chargé de la priorité Afrique et des relations extérieures, M. Matoko, candidat pour le compte du groupe Afrique face à l’égyptien Khaled Amed El-Enany Ali Ezz et de Mme Gabriela Ilian Ramos Patino du Mexique; pourrait succéder à Mme Audrey Azouley, actuelle directrice générale.
Ils ont été auditionné tour à tour par par le Conseil exécutif de l'Unesco sous le présidence de Vera El Khoury Lacoeuilhe.
Né à Brazzaville en République du Congo, le 17 février 1956, Firmin Edouard Matoko a fait ses études primaires dans la capitale congolaise.
Il y obtient son bac A4 en 1974, au Lycée Chaminade, avant de s’envoler en Europe pour poursuivre ses études supérieures, notamment à l’Université « La Sapienza » de Rome en Italie où il décroche son doctorat en économie et commerce en 1981.
M. Matoko est à la fois économiste, diplomate polyglotte et spécialiste en relations internationales.
Ce candidat originaire du Congo-Brazzaville maîtrise les arcanes de l’UNESCO jusqu'à la couleur de la cave de cette institution onusienne pour y avoir gravi les échelons à travers des missions stratégiques de haut niveau, et contribué à façonner cette institution.
Il est porteur d’un programme qui propose des innovations majeures dans l’éducation, la science et la culture.
Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville
Photo : DR