Cameroun : Le gouvernement interdit les débats dans les médias sur l'état de santé de Paul Biya

« Tout débat sur l'état de santé du Président de la République, Paul Biya, est désormais formellement interdit » a donc indiqué Paul Atanga Nji, le ministre de l'Administration territoriale, dans un communiqué diffusé jeudi 10 octobre 2024.

Pour le ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, signataire du communiqué, « les débats sur l'état de santé du Président Paul Biya relèvent de la sécurité nationale ». Par conséquent, le ministre instruit « les gouverneurs (...) de créer des cellules chargées de suivre et d'enregistrer toutes les émissions et débats dans les médias privés et d'identifier les auteurs des commentaires tendancieux ».

Une décision qui n'a pas tardé à faire réagir, autant dans les milieux de la presse que politiques. Une mesure qui porte un sérieux coup de canif à la liberté d'expression et à la démocratie camerounaise.

Pour Bouba Ngomena, présentateur de Canal presse sur Canal 2 international, la sortie du ministre camerounais, outre les périls qu'elle fait peser sur la liberté d'expression, laisse à penser que le ministre de l'Administration territoriale veut se substituer au ministère de la Communication et au Conseil national de la communication.

On rappelle que l'absence prolongée du Président camerounais de 91 ans, qui n'a fait aucune apparition publique depuis début septembre 2024, a suscité des inquiétudes, des questions puis des rumeurs alarmantes.

Le Président Paul Biya est absent du Cameroun depuis plus d’un mois, et sa dernière apparition publique remonte au 4e sommet du Forum sur la coopération sino-africaine, qui s’est tenu du 4 au 6 septembre 2024 en Chine. À l’Assemblée générale des Nations unies à New York, et même au dernier sommet de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), qui s’est tenu du 4 au 5 octobre en France, le “père”, ainsi qu’on l’appelle au pays, était aux abonnés absents.

Le lieu exact où se trouve le chef de l’État camerounais reste aujourd’hui un mystère. Malgré la pression exercée par la classe politique et la diaspora pour percer ce secret si bien gardé, rien ne filtre. Et les supputations vont bon train, notamment sur les réseaux sociaux, où on le dit tantôt en Suisse, tantôt dans un hôpital en France.

Les sources officielles tentent de tempérer les choses en relevant que le Président est “au repos”.

Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville