RDC – Justice : Peine de mort requise à l’encontre de Joseph Kabila

Le ministère public a requis la peine de mort vendredi à Kinshasa, contre l’ancien président de la République démocratique du Congo (RDC) Joseph Kabila. L’homme est jugé par contumace par la Haute cour militaire pour complicité avec le groupe armé M23 soutenu par le Rwanda.

En clôturant son réquisitoire, le général Lucien René Likulia, représentant du ministère public, a appelé les juges de la Haute cour militaire à condamner «à la peine de mort» Joseph Kabila pour «crimes de guerre», «trahison», et «organisation d’un mouvement insurrectionnel», ainsi qu’à 20 ans de prison pour «apologie de crimes de guerre» et 15 ans de prison pour «complot».

Le procès de l'ex-Chef de l'Etat congolais (2001-2019), dénoncé par ses partisans qui estiment qu'il s'agit d'un procès politique, s'est ouvert le 25 juillet à Kinshasa.

Joseph Kabila vit à l’étranger depuis plus de deux ans. Il était apparu fin mai 2025 à Goma, une ville de l’est du pays sous contrôle du groupe antigouvernemental M23, dont les offensives depuis 2021 ont fait des milliers de morts et des millions de déplacés dans l’est.

L’est de la RDC, région frontalière du Rwanda et riche en ressources naturelles, est déchiré par des conflits depuis 30 ans.

Les violences se sont intensifiées ces derniers mois avec la prise de contrôle par le M23 de Goma et Bukavu, capitales du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.

Le ministère public a estimé ce 22 aout que les violences commises par le M23 dans l’est ont causé « d’énormes préjudices » à la RDC et « entrainent la responsabilité pénale et individuelle » de Joseph Kabila. Pour l’accusation, Joseph Kabila est l’un des initiateurs de l’Alliance fleuve Congo (AFC), branche politique du M23.

C’est dans ce contexte qu’il est accusé notamment de cas d’homicides et de viols commis par des hommes de la coalition AFC/M23 dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.

Selon le ministère public, Joseph Kabila, « en intelligence avec le Rwanda », a cherché à faire un coup d’Etat visant à renverser le régime du président Félix Tshisekedi, qui lui avait succédé en 2019 après une élection contestée.

Le général Lucien René Likulia a ainsi affirmé que « le prévenu envisageait de renverser par les armes le régime constitutionnel en place », avec l’aide notamment de Corneille Nangaa, président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) lors du scrutin présidentiel de décembre 2018, avant de rallier le M23 en 2023.

Joseph Kabila, 53 ans, a quitté le pays fin 2023, selon son entourage, mais y jouit encore d’un important réseau d’influence.

Réputé taiseux et discret, Joseph Kabila est réapparu publiquement fin 2024 après plusieurs années de silence, dénonçant vivement la gestion du pays par son successeur Félix Tshisekedi.

En avril 2025, il avait annoncé dans la presse son retour imminent en RDC « par la partie orientale », dont une grande portion est sous contrôle du M23, soutenu par le Rwanda et son Armée.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville