D’origine congolaise, Louison Kindula est marié, père de famille et travaille comme laborantin à Neuville-en-Ferrain dans le Nord, depuis 2013. À compter du mardi 29 juillet, Louison n’a plus de papiers, faute de s’être fait renouveler le titre de séjour. Une situation qui ouvre des lendemains d’incertitudes de tous ordres.
Il est parfaitement intégré, mais devient officiellement sans-papier. Louison Kindula, 47 ans, a quitté la République démocratique du Congo dans l’espoir d’une « vie meilleure » après des études d’ingénieur.
Arrivé en France en 2008, Louison a gravi les échelons et travaille depuis 2013 comme laborantin, au contrôle qualité dans le textile, à Neuville-en-Ferrain.
Au bout de dix ans, sa carte de résident de longue durée est arrivée à terme.
Sa femme travaille, mais son seul salaire n'est pas suffisant pour les besoins de cette famille avec trois enfants de 15, 13 et 11 ans.
Louison s'inquiète pour lui, mais aussi pour eux et met même des alarmes sur son téléphone pour se rappeler de faire les demandes de récépissés plusieurs mois à l'avance. Hélas…
Maximilien Coequyt, délégué syndical CGT dans son entreprise, le soutient : "Louison est certainement l'un de nos meilleurs éléments. Il est arrivé en tant qu'approvisionneur et a gravi les échelons pour devenir laborantin".
Dans une entreprise de Neuville-en-Ferrain, il fait des analyses et contrôle la qualité des produits. Le syndicaliste assure qu'entre 5 et 10 personnes ont les mêmes problèmes dans l'entreprise et craint prochainement des licenciements plutôt que des suspensions.
Il n'est en effet pas le seul selon le secrétaire de l'union locale CGT de Tourcoing. Brahim Douaouda dit voir de plus en plus de monde franchir la porte du local pour le même problème : "on a deux ou trois personnes par semaine. Il y a un pic depuis un an. Je pense qu'il y a un manque de moyens, de personnel, ce n'est pas normal". Le militant estime aussi qu'il y a une "volonté politique de réduire l'immigration".
Le 9 juillet dernier, quinze associations, comme la Ligue des Droits de l'Homme, ont déposé une requête sur le sujet devant le tribunal administratif de Lille.
La préfecture, elle, reconnaît que "les délais délivrance n'étaient pas satisfaisants en 2024", mais affirme que depuis l'arrivée du nouveau préfet du Nord : "la situation s'est sensiblement améliorée sur l'ensemble des titres de séjour".
D'après la préfecture, les titres relatifs à l'immigration salariée sont désormais instruits en un mois contre quatre précédemment. Elle rappelle qu'il faut déposer un dossier complet quatre mois avant la date d'échéance de son titre.
Concernant le cas précis de Louison Kingula, la préfecture du Nord assure néanmoins ne pas avoir reçu de demande de renouvellement de récépissé.
Lui assure avoir respecté les délais conseillés et confie : "l'Afrique m'a fait naître, mais la France m'a fait grandir. Ici, j'ai ma femme, mes enfants, ma vie. J'aime la France, son histoire, sa culture. Je travaille, je suis intégré. J'aimerais bien que ce soit réciproque, car je ne vois pas l'ascenseur me revenir".
Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville