Le Président Ougandais Yoweri Kaguta Museveni a pris officiellement la tête de la présidence du Mécanisme Régional de Suivi de l'accord-cadre d'Addis-Abeba pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République Démocratique du Congo et la région des Grands Lacs pour une période de deux ans. Cette passation de témoin a eu lieu lors de la réunion de haut niveau du Mécanisme régional de surveillance, qui s'est tenu le mercredi 28 mai 2025 à Entebbe, ville économique de l’Ouganda. L’Ougandais Yoweri Museveni, a ainsi succédé à son homologue Burundais Evariste Ndayishimiye à la présidence de ce Mécanisme Régional.
Cette rencontre de haut niveau qui fait suite à la réunion préparatoire des ministres des Affaires étrangères tenue à Kampala le 27 mai 2025, a réuni les chefs d’Etat et les représentants des pays signataires de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, signé en 2013. Cet accord, impliquant 11 États et quatre organisations internationales, dont l’Organisation des Nations Unies (ONU), l’Union africaine (UA), la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a pour ambition de mettre fin aux cycles de violence, d’instabilité et d’exploitation des ressources dans l’Est de la RDC.
La République du Congo ne pouvait faire la politique de la chaise vide. Elle a été représentée à cette rencontre de haut niveau par le Ministre d’Etat Firmin Ayessa. Sa participation souligne la disponibilité et l’engagement de Son Excellence Denis Sassou Nguesso, grâce à son expérience dans la résolution des conflits, à œuvrer inlassablement pour le rétablissement de la paix en RDC et dans la région. Firmin Ayessa a réaffirmé l’engagement régional de la République du Congo pour la paix en faveur de la résolution de la crise qui frappe l’Est de la RDC depuis des décennies.
Ce sommet intervient dans un climat géopolitique complexe. L’Est de la RDC reste en proie à des conflits armés, avec des violences attribuées à divers groupes, dont le M23 et les Forces démocratiques alliées (ADF). Les tensions entre la RDC et le Rwanda, exacerbées par l’absence de dialogue direct avec le M23.
Le président ougandais Yoweri Kaguta Museveni qui avait passé la présidence du Mécanisme régional à Félix Tshisekedi en 2022, joue un rôle clé en tant qu’hôte. Il a appelé à un dialogue inclusif pour résoudre les crises internes de la RDC, une position qu’il avait déjà défendue lors du sommet conjoint CEAC–SADC à Dar es Salam, en Tanzanie, en février 2025.
En ouvrant le Sommet, le Président Museveni a rappelé l’importance d’une coopération régionale renforcée pour surmonter les défis sécuritaires et économiques.
Il a souligné la responsabilité collective de tous ceux qui sont impliqués dans les processus de paix tout en appelant à une ingérence étrangère limitée dans la région.
« Parce que nous savons quel est le problème et qu'il peut être résolu, mais nous devons faire preuve de volonté politique et les étrangers devraient limiter leur implication, car ce sont eux qui, par inadvertance, enhardissent l'erreur. Ceux qui commettent ces erreurs pensent alors que nous ne nous soucions pas de ces groupes internes. Nous ne nous soucions pas de la région. Ce qui compte, c'est notre soutien », a déclaré Yoweri Kaguta Museveni.
Il a rendu un hommage vibrant à son prédécesseur pour le travail abattu durant son mandat ; « Je tiens à féliciter à nouveau Son Excellence (Évariste Ndayishimiye) pour son excellent travail. Nous connaissons désormais les problèmes et pouvons les résoudre. Nous connaissons parfaitement tous ces pays : le Rwanda, le Burundi, l’est du Congo, la Tanzanie et le Kenya. Ce sont nos peuples. À mon avis, ces problèmes sont faciles à résoudre. Ils ne sont pas difficiles. Ce qui est difficile, ce sont les trois erreurs : la philosophie, l’idéologie et la stratégie », a ajouté Yoweri Kaguta Museveni.
La rencontre d’Entebbe a mis également en lumière des enjeux économiques, notamment l’intégration régionale et les projets d’infrastructures transfrontalières.
Il a permis au Président Évariste Ndayishimiye de passer les rênes de la présidence de ce mécanisme, dont le but est de contribuer à maintenir la stabilité et à promouvoir le développement dans la région, à son homologue de l’Ouganda.
Les chefs d'État et de gouvernement de la région ont appelé les pays membres ayant ratifié le cadre de la Communauté de la SADC à respecter leurs engagements. Ils ont insisté sur l'importance de préserver la souveraineté et l'intégrité territoriale des nations voisines.
Le projet de plan de Revitalisation de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région a été aussi validé au cours de ce Sommet.
Les pays signataires de l'Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région ont salué les initiatives de paix en cours pour le retour de la paix dans l'Est de la RDC. C'est l'une des recommandations issue de la 12e réunion de haut niveau du Mécanisme régional de suivi de l'Accord-cadre tenue mercredi 28 mai 2025 en Ouganda.
« Saluons les efforts conjoints de paix de la Communauté de l'Afrique de l'Est (CAE) et de la SADC, lancés lors du premier Sommet conjoint des chefs d'État et de gouvernement de la CAE et de la SADC, tenu le 8 février 2025 à Dar es Salam, en République-Unie de Tanzanie. Saluons le deuxième Sommet conjoint CAE-SADC, tenu virtuellement le 24 mars 2025, qui a désigné le Groupe de facilitateurs CAE-SADC chargé de soutenir une paix durable dans l'est de la RDC, notamment la nomination de deux femmes facilitatrices, ce qui constitue une étape importante et louable vers l'institutionnalisation du leadership et de la participation des femmes aux processus de paix », dit le communiqué final de la réunion rendu public sur le site de la Présidence Ougandaise.
Ils ont également souligné l'importance d'assurer la coordination des efforts diplomatiques internationaux en soutien aux efforts entrepris par le Médiateur désigné par l'UA et le Groupe de facilitateurs CAE-SADC, en s'appuyant sur les progrès réalisés dans le cadre des processus de Luanda et de Nairobi.
« Saluons les efforts de paix facilités par l'État du Qatar et les États-Unis d'Amérique, ainsi que la signature d'une déclaration conjointe par le gouvernement de la RDC et le M23 le 23 avril 2025 à Kinshasa et Goma, en RDC respectivement, ainsi que la signature d'une Déclaration de principes entre la RDC et le Rwanda à Washington D.C. le 25 avril 2025 ; Exhortons tous les partenaires à soutenir ces initiatives et la mise en œuvre des décisions convenues, le cas échéant », ajoute le communiqué final.
Par ailleurs, les pays signataires et les participants ont rappelé la nécessité de mettre fin à l'impunité et à l'exploitation illicites des ressources naturelles au niveau de la région.
Cette réunion a été un moment important de réévaluer les stratégies de paix dans les Grands Lacs. Elle a constitué une occasion de reconnaitre la complexité des enjeux à l’œuvre et de promouvoir des solutions durablement intégrées.
Déterminés à mettre fin aux cycles de conflit et de violence sévissant régulièrement dans la région des Grands Lacs, et plus particulièrement dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), le 24 février 2013, 11 pays de la région (Afrique du Sud, Angola, Burundi, Ouganda, République centrafricaine, République démocratique du Congo, République du Congo, Rwanda, Soudan du Sud, Tanzanie et Zambie) ont signé l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région. Ils ont ensuite été rejoints par deux autres pays, le Kenya et le Soudan, qui sont aussi devenus signataires de l’Accord-cadre le 31 janvier 2014. L’Accord-cadre définit dans les grandes lignes les principales mesures nationales, régionales et internationales requises pour consolider la paix et la sécurité dans l’est de la RDC et promouvoir la coopération entre les gouvernements des pays de la région.
L’Accord-cadre d’Addis-Abeba avait suscité l’espoir des lendemains meilleurs après des décennies de conflits, d’instabilité, d’exploitation et de souffrance dans la partie orientale de la RDC. Mais, 12 ans après, on constate que sa mise en œuvre effective a toujours été un problème.
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VALDA SAINT-VAL/Les Echos du Congo-Brazzaville