Le Pape François va-t-il démissionner ?

Le Pape François, hospitalisé depuis un mois pour une double pneumonie à 88 ans, voit ses bulletins de santé osciller entre le moyen et le très inquiétant. Le souverain pontife avait prévenu en 2022 qu'il renoncerait à sa charge si son état de santé ne lui permettait plus de l'assurer. Il a convoqué les cardinaux. La date de ce consistoire n'est pas précisée mais la configuration interroge. Et si c’était, comme l’avait fait son prédécesseur Benoît XVI, pour annoncer sa démission ?

Le souverain pontife vient-il de planifier son au revoir ?

L’hypothèse bruisse dans les couloirs du Vatican, comme un chuchotement entre gens bien informés, devenu « le » sujet de conversation des cardinaux lors de leurs dîners en ville.

Un consistoire dit "ordinaire" est convoqué par le Saint-Père pour traiter d'une affaire habituelle, c'est-à-dire qui relève du magistère de l'Église, pour nommer un nouveau cardinal ou pour approuver un décret qui concerne la cause des saints. Cette réunion revêt une forme solennelle et permet au Saint-Siège d'annoncer des décisions importantes qui concernent l'Église ou la Curie.

Un consistoire dit "extraordinaire" est quant à lui convoqué pour servir d'instance de consultation au Pape, qui peut ainsi demander conseil au Collège des cardinaux en ce qui concerne une affaire importante de l'Église ou une nécessité particulière. Celui-ci réunit les cardinaux du monde entier, qui se rendent expressément à Rome à la demande du Pape et est tenu à huis clos.

Les consistoires peuvent être le cadre de rebondissements et annonces fracassantes.

Nul ne se doute de l’annonce de Benoît XVI. C'est pourtant d'une voix faible mais assurée et sereine que ce dernier avait annoncé en latin : « Je vous ai convoqués à ce Consistoire non seulement pour les trois canonisations, mais également pour vous communiquer une décision de grande importance pour la vie de l’Église. Après avoir examiné ma conscience devant Dieu, à diverses reprises, je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l’avancement de mon âge, ne sont plus aptes à exercer adéquatement le ministère pétrinien. » Une situation décrite par le doyen du Collège d'alors, le cardinal Angelo Sodano : « Un coup de tonnerre dans un ciel serein. »

Benoît XVI avait fait cette annonce devant les cardinaux car il avait appliqué un parallélisme des formes : il avait été élu au sein du collège des cardinaux, il considérait donc naturel de renoncer dans le même cadre.

Mais le droit ne dit pas que ce cadre est nécessaire pour que l’acte soit valide. Le critère fondamental est celui de la liberté du pontife romain ; l’acte doit être libre. Il n’est pas soumis aux cardinaux qui l’ont élu.

En 2014, dans l’avion de retour de son voyage en Corée, François avait expliqué que Benoît XVI avait « ouvert une porte institutionnelle » en renonçant à sa charge. Il avait ainsi exprimé son respect pour son prédécesseur mais ne s’était pas engagé à agir de la même façon.

Ce n’est pas l’élection qui fait le pape, mais son acceptation libre. On doit donc retrouver la même liberté quand le Pape renonce.

Ce principe n’exclut pas l’hypothèse que François puisse annoncer sa renonciation dans un autre contexte, par exemple lors de la prière dominicale de l’Angélus, lors d’une messe ou d’une audience générale, devant les fidèles.

Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville

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