France – Algérie : L’épouse d’un ambassadeur algérien refoulée à la frontière, « cette provocation ne restera pas impunie », promet Alger

L’espoir d’un apaisement entre Paris et Alger, suscité par les déclarations faites vendredi 28 février par le Président Emmanuel Macron, n’a pas duré longtemps. Le refoulement en douane en France de l’épouse de l’ambassadeur d’Algérie au Mali, les révélations sur le plan de Bruno Retailleau pour un rapport de force avec Alger et les propos qu’il a tenus dimanche, risquent de réduire à néant les efforts de la diplomatie pour une sortie de crise.

"Si Alger ne respecte pas ses engagements, en multipliant les provocations, alors l’Algérie s’exposera à une riposte de notre part", a menacé le ministre Retailleau dans les colonnes du Figaro dimanche 2 mars.

Bruno Retailleau évoquait le sujet migratoire qui empoisonne les relations entre les deux pays, alors qu'Alger a refusé de reprendre l'un de ses ressortissants sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français, avant qu'il ne tue un homme et en blesse sept autres dans une attaque au couteau à Mulhouse.

Une nouvelle fois, le ministre français dit "plaider pour que la France assume un rapport de force", arguant que "désormais, cette fermeté n’est plus seulement la mienne, mais celle du Premier ministre et donc du gouvernement".

Le gouvernement algérien n’a toujours pas réagi aux derniers événements. Mais, pour l’agence algérienne d’information APS, le ministre français de l’intérieur Bruno Retailleau “alimente l’escalade entre Alger et Paris”.

“Cela était le cas samedi 1er mars, lorsque l’épouse d’un ambassadeur d’Algérie en fonction a fait l’objet d’un empêchement d’accès au territoire français, alors même qu’elle satisfaisait à toutes les conditions d’assurance, d’hébergement et de ressources financières”, rappelle l’APS dans un commentaire publié dimanche 2 mars.

Une provocation qui “ne restera pas sans réponse de la part de l’Algérie”, ajoute l’agence d’information qui souligne que ce refoulement d’une citoyenne algérienne sur ordre de Bruno Retailleau “renseigne surtout sur les extrémités de la hargne, de la haine et du rejet que son auteur peut encore atteindre”.

Pour l’APS, la tentative d’apaisement du président Macron, intervenue au lendemain des “menaces” proférées par son Premier ministre François Bayrou contre l’Algérie, “n’a pas survécu à l’acharnement de son ministre de l’Intérieur qui a fait de la haine de l’Algérie sa marque de fabrique et le ressort de ce qu’il croit être son ascension politique irrésistible”.

“Le plan de carrière de Retailleau semble bien valoir toutes ces indignités. Grand bien lui fasse. L’Algérie, quant à elle, saura relever ce qu’il croît être des défis qu’il lui lance, alors qu’ils ne sont que des marques d’une déchéance qu’il inflige, consciemment ou inconsciemment, à la France elle-même”, conclut l’APS.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville