Dans une scène d'une rare tension, les présidents Donald Trump et Volodymyr Zelensky se sont querellés publiquement dans le Bureau ovale, le président américain menaçant son invité du jour, en haussant la voix, de « laisser tomber » l'Ukraine s'il ne faisait pas de concession à la Russie.
Accueilli par Donald Trump en personne sur le perron de la Maison Blanche, Volodymyr Zelensky a suivi son hôte dans le Bureau ovale.
La rencontre historique est diffusée en direct à la télévision. Le président Zelensky assure alors que Donald Trump est « du côté » de l’Ukraine, tandis que le Républicain de 78 ans se félicite de conclure enfin un accord « très équitable » sur l’accès aux ressources ukrainiennes.
Mais très vite, le ton va sortir de la cordialité diplomatique. La joute verbale est lancée par le vice-président JD Vance, qui reproche au président ukrainien, venu chercher le soutien de Washington après trois années de guerre contre la Russie, de « manquer de respect » aux Américains.
La tension est montée un peu plus quand le président Zelensky a réclamé des garanties de sécurité et déclaré : « Nous n’accepterons jamais un simple cessez-le-feu ». Volodymyr Zelensky affirme également qu’il ne fallait pas faire de compromis avec Vladimir Poutine, qu’il a qualifié de « tueur », alors que Donald Trump notait qu’il avait eu « de nombreuses conversations » récemment avec le président russe, dont il s’est rapproché de manière spectaculaire après son retour au pouvoir le 20 janvier dernier.
Le président ukrainien a quitté la Maison-Blanche de manière prématurée par la petite porte.
La conférence de presse qui devait suivre a été annulée.
Les réactions ne se sont pas faites attendre.
Les démocrates expriment leur consternation
« Honte. Honte. Honte », déclare le sénateur Brian Schatz.
Le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, estime que Donald Trump et JD Vance font le « sale boulot de Poutine ».
« Le président des Etats-Unis est un lâche et la marionnette de Vladimir Poutine, » accuse l'élu Seth Moulton.
Pour l'élue Judy Chu, « Trump placera toujours en priorité ses intérêts financiers personnels avant notre sécurité nationale ».
Exprimant son « admiration » pour Volodymyr Zelensky, le démocrate Eric Swalwell déclare : « Ce gars a des couilles ».
Il y a un agresseur russe », dit Emmanuel Macron
Le président français martèle qu'il y avait « un agresseur, la Russie » et un « peuple agressé l'Ukraine », appelant à « respecter ceux qui depuis le début se battent ». Il s'exprimait devant des journalistes à Porto (Portugal), où il achevait une visite d'Etat.
La présidente de la Commission européenne adresse son soutien au président ukrainien. « Vous ne serez jamais seul », dit-elle sur X.
Les agences de presse russes s'en donnent à cœur joie depuis la vive altercation à la Maison-Blanche. « Volodymyr Zelensky a interrompu Donald Trump et s'est montré impoli envers la presse », tacle l’agence TASS.
Le ministre français des Affaires étrangères appelle à « passer aux actes »
« Le temps des mots est révolu, passons aux actes », indique Jean-Noël Barrot dans un post sur X, rappelant qu'il y a « un agresseur : la Russie de Poutine », et « un agressé : le peuple ukrainien ».
« L'Ukraine peut compter sur l'Allemagne et sur l'Europe », affirme Olaf Scholz.
« L'Allemagne et nos alliés européens se tiennent unis aux côtés de l'Ukraine et contre l'agression russe. L'Ukraine peut compter sur le soutien indéfectible de l'Allemagne, de l'Europe et au-delà », écrit Annalena Baerbock, ministre allemande des Affaires étrangères, sur les réseaux sociaux X et Bluesky.
Une « scène obscène de télé-réalité », estime Hollande
L'ex-président français indique que « Donald Trump, face à Volodymyr Zelensky, n'a pas défendu la paix ». « Il a plaidé pour l’abdication de l’Ukraine. Il a ignoré les dizaines de milliers de soldats morts pour défendre l’indépendance de leur pays. Il n’a parlé que de l’argent dépensé par les États-Unis », détaille François Hollande, qui décrit une « scène obscène de télé-réalité ».
Vous n'êtes pas seuls », assure Tusk aux Ukrainiens Comme depuis le début du conflit, la Pologne solidaire de son voisin.
« Chers Zelensky, chers amis ukrainiens, vous n'êtes pas seuls », écrit Donald Tusk sur le réseau social X, quelques minutes après le départ du président Zelensky de la Maison Blanche.
Une quinzaine de dirigeants européens doivent par ailleurs se retrouver lors d'un sommet dimanche à Londres, auquel devrait participer le président ukrainien, pour "faire avancer" leurs actions concernant l'Ukraine et la sécurité. La cheffe de la diplomatie de l'UE Kaja Kallas a d'ores et déjà estimé que "le monde libre a besoin d'un nouveau leader".
Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville