Congo : Sentiment d’insécurité à Dolisie, l’exaspération des riverains et des commerçants

Depuis plusieurs mois, des riverains et commerçants de la ville de Dolisie dans le Niari (sud) dénoncent la dégradation de l'état de leurs quartiers avec des groupes communément appelés « Américains » ou « Arabes » qui s'alcoolisent, braquent à mains armées, agressent physiquement ou verbalement à longueur de journée.

Des canettes vides, éparpillées sur le sol, entre autres détritus abandonnés. Des groupes de personnes alcoolisées et droguées, des bagarres fréquentes qui créent un sentiment d’insécurité dans toute la ville préfecture du Niari.

« La situation n’est plus tenable, souligne Judie Mabelé. Le problème est apparu il y a deux ans, mais la situation a empiré ces dernières semaines. Tous les jours, des groupes de personnes se rassemblent, s’alcoolisent et importunent les habitants et les commerçants. »

Sur son portable, elle montre les vidéos d’altercations qui, selon elle, sont quasiment devenues quotidiennes.

Un constat partagé par les parents de Govele Mbima Mouelé, 17 ans, victime d’une agression physique au quartier Gaïa. Ce dernier a reçu des coups de machettes des « Américains » et « Arabes » sur la tête. Il est admis à l’hôpital de Référence de Dolisie.

On parle d’un niveau d’attaque bestial ne faisant pas de quartier. Les victimes s’en sortent délestées de leurs biens avec, à la clef, de profondes balafres au visage, des bras amputées quand elles n’y laissent pas leur vie.

Dans le secteur de l’église de l’Armée du Salut, ils ravissent au passage des téléphones portables et brutalisent les vendeuses de maniocs.

Tout le monde se renvoie la balle

Juste avant le confinement, Maxime indique avoir été menacé avec un couteau par un individu. «On appelle la police tous les deux soirs, ils nous connaissent à force », poursuit Maxime. Mais une fois les policiers repartis, le manège reprend.

« Le maire nous dit de faire remonter le problème au Préfet, le Préfet nous renvoie vers le maire. Tout le monde se renvoie la balle et au final c’est nous qui nous retrouvons coincé dans une situation intenable », s’agace Jonas.

Pour un commerçant du quartier Baloumbou, la situation est devenue catastrophique. « Les clients me disent qu’ils n’osent plus venir à cause de ces rassemblements, ils ne se sentent pas en sécurité », estime-t-il.

Parmi les solutions, ils évoquent la nécessité d’organiser davantage des patrouilles dans la ville.

Autres pistes envisagées par la population de la troisième ville du Congo : que le gouvernement réfléchisse sur l’ouverture des centres de rééducation et de formation afin de donner à ces jeunes perdus, l’espoir de retrouver les bons chemins de notre société.

Il y va de la sécurité publique.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville