Congo – Climat : Les quartiers périphériques de Brazzaville seraient les plus exposés à la chaleur

Les habitants des quartiers périphériques des villes congolaises seraient plus exposées aux effets des accès de chaleur quasi insupportables qui inondent ces derniers temps le pays.

« Changements climatiques », ces mots sont désormais courants dans le langage des congolais, à travers les effets indus du climat dont ils subissent les contre-coups environnementaux, s'accommodant ainsi avec des réalités quasiment sans repères en terme de comparaison, pour de nombreux contemporains.

Entre un ensoleillement qui part du point du jour jusqu'au coucher, générant une chaleur torride, les pluies diluviennes à l'indice d'eau toujours plus élevé et les érosions qui s'en suivent, il y a de quoi y voir un acharnement de la nature.

Pourtant, avec du recul, on peut convenir que cette furie de la nature a été provoquée par l'homme à travers deux causes principales : l'absence de plan d'urbanisme et la destruction de l'environnement aux fins d'une urbanisation non maîtrisée.

Jusque dans les années 1980, la géographie de Brazzaville était faite de blocs résidentiels, d'un réseau hydrographique et d'un couvert végétal savamment repartis à travers les différents quartiers de la ville, au point qu'il se créaient sur celle-ci des micro-climats qui régulaient la température de l'air ambiant.

Les rivières Tsiémé, Madoukoutiékélé, la Mfoa, Mfilou et le Djoué irriguaient des petites forêts-galeries qui jouaient un rôle de régulateur thermique, en supplément de la forêt de la « Patte d'oie », s'étendant du Parc zoologique, le Boulevard des Armées, Alfred Raoul, jusqu'à Maya-Maya, englobant la zone du « jardin d’Essais », jusqu'à l'Orostom.

La peuplade de bois de fer qui couvrait le secteur de l'OCH, longeant l'asile Psychiatrique, jusqu'à Nganga Édouard, apportant ombre, et air frais aux passants ainsi qu'au secteur du « Quartier chic », n'est plus qu'un lointain souvenir.

Depuis, tous ces massifs ont fait place à des constructions d'édifices, privant la ville de ses différents « climatiseurs naturels ».

Mais, il y a aussi un autre phénomène, celui de l'engorgement des constructions.

Naguère l'habitat d'une concession était faite d'une maison centrale et d'une annexe, le cas échéant, une cuisine et des toilettes extérieures, dans un coin de la concession, au centre de laquelle se dressait un arbre, plus souvent d'essence fruitière.

Désormais, dans les parcelles, tous les arbres ont été coupés, surtout qu'il n'y a presque plus d'autorisation à prendre à la mairie, comme dans le temps, avant d'en abattre. Dans ces parcelles, il y a à peine de la place pour circuler, à travers des couloirs qui délimitent des « annexes pour locataires » ou autres boutiques et ateliers.

Le bornage de la parcelle était parfois fait d'arbres plantés aux quatre coins. Il y avait très peu de murs de clôture. Les haies de fleurs ou de tiges herbacées, voire du grillage ou des fils barbelés densifiaient l'air vivifiant qui circulait librement au moindre courant.

Logements modernes de Bacongo, les avenues sont dépourvus d'arbres 

Depuis, les murs d'enceinte de plus en plus élevés, ont transformé les parcelles en de véritables saunas pour ceux qui y vivent. L'air n'y circule pas. Ainsi comprimé, il devient chaud et sec, agressant autant le corps que les voies respiratoires.

Dans les quartiers périphériques, points de chute de tout l'air chaud charrié depuis les quartiers en amont, la situation est encore plus difficile. Le déboisement systématique a mis à découvert des habitations parfois faites en matériaux qui emmagasinent de plus en plus de chaleur.

Même les abords des avenues, naguère boisés, ont été laissés à découvert.

En définitive, les facteurs climatiques dont sont victimes les Brazzavillois sont outre les aspects d'urbanisation, la conséquence de la non sauvegarde de l'essence même de « Brazza-la-verte ».

Brazzaville-la-verte était à la fois un cadre de vie et une philosophie de l'environnement, mettant en synergie l'homme et son milieu.

Peut-être avons-nous fauté, en épousant un modernisme urbain qui trahissait nos fondamentaux culturellement écologiques.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville