La pré collecte des ordures ménagères comme moyen de lutte contre le chômage qui étrangle les jeunes à Brazzaville

« Il n'y a pas de sot métier », dit le proverbe, avant d'ajouter : « Il n'y a que de sottes gens ». Tout cela est de bon sens, car les habitants des quartiers défavorisés de la capitale congolaise ne se retournent plus au passage des hommes munis de brouettes, pousse-pousse, bassines, combinaisons, bottes et de masques de protection qui sont apparus il y a quelques années. Ces derniers ramassent les sacs poubelles à travers les ruelles de Brazzaville moyennant 100 à 200 FCFA.

« Poubelle, poubelle », « La voirie la voirie », « Poubelle eleki », « La voirie eleki » les entend-on crier à longueur de journées. Ils sont désormais familiers des "pré collecteurs" qui participent à l'amélioration de leurs conditions de vie et à l'assainissement de la ville en collectant les ordures ménagères dans les parcelles et parfois même dans les zones très difficiles d'accès pour les sociétés conventionnelles de ramassage.

La question de la gestion des ordures ménagères est un véritable problème environnemental et de santé publique dans la capitale congolaise. Son impact est également positif sur le plan économique car il contribue à la résorption du chômage qui étrangle et essore les jeunes congolais, lesquels représentent près de 48% de la population.

La collecte des déchets par les sociétés de ramassage ne répondait pas entièrement aux besoins des populations, faute de voies de communication.

Ainsi, il est indispensable, en milieu urbain, de développer les pré collectes dans les meilleures conditions possibles de proximité et de partenariat avec les usagers.

Les clients paient 100 à 200 FCFA pour ces services. Ainsi, les jeunes congolais ont fait de cette activité un métier avec l'ambition de devenir, à terme, des groupes organisés ayant un statut institutionnel et juridique leur permettant d'évoluer comme de vrais opérateurs économiques.

Au fil du temps, beaucoup de ces jeunes ont vu leur situation économique et sociale s'améliorer avec une augmentation de leur pouvoir d'achat.

« Depuis que j’exerce ce métier de pré collecteur des ordures ménagères dans les quartiers de Brazzaville, j'arrive, désormais, à satisfaire mes besoins immédiats, » dit un jeune pré collecteur.

« Je ne harcèle plus ma famille ». « Je mets de l'argent de côté pour me marier à long terme » a annoncé un autre pré collecteur.

Les populations bénéficiaires à Brazzaville ne cachent pas leur satisfaction.

« Depuis que je suis abonnée à ces prestations, ma concession est propre. Les ordures ménagères ne s'entassent plus et cela a convaincu mes voisins qui, eux aussi, ont fini par prendre un abonnement auprès de ces jeunes. Nous sommes très satisfaits aujourd'hui car notre environnement est devenu salubre » a déclaré une femme au foyer au quartier Diata dans le premier arrondissement de Brazzaville.

Une alternative se présente dans la gestion des ordures ménagères. Pourvu que le Congo rompe avec sa vieille tradition qui le limite simplement à les collecter et à les jeter dans les dépôts.

En ce 21e siècle, il peut bien adopter des techniques professionnelles de traitement d'ordures qui s'inscrivent dans un processus organisé : identification des déchets, pré-collecte, collecte, tri et transformation.

Il s'agit de cinq grandes étapes, qui sont également autant de spécialités distinctes mais complémentaires pour traiter efficacement les déchets et assainir nos villes. Or, à elle seule, une entreprise comme la société d’assainissement turque Albayrak Waste management Company qui a pris la relève de l’entreprise Averda, dont le contrat est arrivé à terme en septembre dernier, ne peut assurer à bon escient tous ces différents services et satisfaire les attentes des populations. D'ailleurs, les conséquences du monopole de cette entreprise sont visibles : la ville de Brazzaville croule toujours sous des tonnes d'immondices.

La pré-collecte, qui consiste à collecter les déchets au plus près des foyers avant leur acheminement vers les centres de tri ou de traitement, est un secteur qui peut être pourvoyeur d'emplois au Congo-Brazzaville où la gestion des déchets est un défi. Ce secteur offre des opportunités d'emploi pour les jeunes étrangers par le chômage et peut contribuer à l'économie locale ou nationale. Elle peut être assurée par des opérateurs privés, des associations, des coopératives ou même des initiatives individuelles.

Brazzaville et Pointe-Noire produisent 1 500 tonnes de déchets ménagers par jour, soit 1 000 tonnes à Brazzaville et 500 tonnes à Pointe-Noire, Selon Juste Désiré Moundélé, ministre congolais de l’Aménagement de la ville.

Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville