L'adage selon lequel " un homme averti en vaut deux" semble peu, voire pas du tout partagé par une catégorie de personnes au Congo-Brazzaville. Il s'agit de ces gens qui, par leurs commerces et autres bric-à-brac, occupent les trottoirs de manière anarchique. La situation, sans cesse dénoncée plusieurs fois par notre rédaction, ne bouge qu'à la faveur de quelques coups de force des pouvoirs publics. Dans ce registre, le ministre congolais de l’Assainissement urbain, du Développement local et de l’Entretien routier, Juste Désiré Mondélé a annoncé le lancement dès le samedi 5 juillet 2025, de l’"Opération libérez les trottoirs" en vue d’améliorer la salubrité urbaine et de promouvoir une culture de civisme. Une manière pour lui de reconnaître, à quelques semaines de la célébration du 65e anniversaire l’accession du Congo à la souveraineté internationale, que le problème a repris des proportions inquiétantes dans une ville comme Brazzaville ou ailleurs, à travers le pays.
Depuis plusieurs années, l'embrigadement des trottoirs et du domaine public routier en général, continue de plus belle à Brazzaville, la capitale congolaise.
Les piétons, dans plusieurs quartiers de Brazzaville comme de l'intérieur du pays, continuent à se risquer sur la chaussée pour circuler.
Au titre de mauvais élèves dans ce registre, tous les quartiers ou tous les ar-rondissements de la capitale congolaise. Des zones où il n'est pas rare de voir un "barman" prendre le trottoir comme une extension de son bar. En y posant chaises et tables !
Pour garantir la réussite de l’opération, le ministre Juste Désiré Mondélé a demandé aux maires, aux responsables des marchés domaniaux et aux forces de l’ordre de s’efforcer à déguerpir tous les commerçants ayant occu-pé illégalement l’espace public, à savoir les trottoirs, les carrefours, les ronds-points, les places publiques et abords de route.
« Nous allons procéder à une décente pédagogie. C’est-à-dire, nous allons donner l’information aux uns et aux autres que le samedi il n’y aura pas d’excuse. Donc ceux qui ont des tables, ceux qui ont les petits commerces qui occupent les alentours des marchés domaniaux, qui obstruent la circulation, s’il vous plaît, que les dispositions soient prises pour les libérer, faute de quoi, nous serons dans l’obligation de le faire », a prévenu Juste Désiré Mondélé qui a également mentionné les garages anarchiques et les épaves à l’abandon en bordures de routes.
On rappelle qu’en octobre 2023, avant l’organisation à Brazzaville, du sommet des trois grands bassins forestiers du monde, à savoir, l'Amazonie, Bornéo Mékong et le Congo, pour débattre de la gouvernance des écosystèmes fo-restiers face aux changements climatiques dans le monde, la détermination des pouvoirs publics de présenter Brazzaville plus conviviale et avenante va justifier une autre opération spéciale d’assainissement dénommée « En-semble, gardons nos villes propres ». L'on va assister à la destruction de tout ce qui se trouve en bordure de route.
Grincement de dents, mécontentements, jérémiades ne semblent pas les impressionner. Malgré les protestations des uns et des autres les pouvoirs publics déterminés sont allés jusqu'au bout de leur initiative.
Mais aujourd’hui, force est de constater avec amertume que les commerçants occupent à nouveau les artères et espaces publics. La prolifération de dépôts sauvages d’immondices se perpétue, les épaves de véhicules jonchent en-core les rues et les avenues.
L’installation anarchique et illégale de commerces, hangars ou habitations sur les emprises publiques ainsi que les installations des matériaux de construction et de produits de démolition se poursuivent.
L'opération " Libérez les trottoirs " non seulement est inefficace, mais surtout aussi un véritable éternel recommencement. Parce que la succession de destructions des étals et autres kiosques n'apporte aucun résultat satisfaisant depuis de nombreuses années. Pas d'amélioration au plan de la propreté des espaces publics, encore moins de la fluidité de la circulation sur les trottoirs.
Faut-il alors craindre que, comme le serpent qui se mord la queue, cette opération ''Libérez les trottoirs'' ne soit qu'une casse de plus, de trop, dont les effets ne seront pas visibles de sitôt ?
L’occupation des trottoirs par les commerçants est illicite, mais curieusement, ce sont les autorités, qui, par l'entremise des Mairies, acceptent l'installation des marchés anarchiques sur les trottoirs. C'est bien ainsi qu'il faut comprendre le prélèvement des taxes municipales n'est- ce pas ?
Remarquez, de jour comme de nuit, à ces endroits illicitement occupés par le commerçant qui ne veut que nourrir sa famille, la Mairie passe avec des tickets pour prélever quotidiennement la taxe municipale.
Finalement, qui est responsable de cette occupation anarchique des trottoirs ?
LIBÉREZ les trottoirs n'en est pas à sa première initiative à Brazzaville. La question en entame est donc la suivante : est-ce la bonne cette fois ?
La question est posée !
Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville
Photos : DR