Dolisie serait la ville la plus sale du Congo !

Des mouches qui tourbillonnent autour d'étrons, les égouts qui sont bouchés par les ordures et l’air qui empeste même dans les zones les plus aisées de la troisième ville du Congo, Dolisie serait la ville la plus sale du pays. Une critique qui relance le débat sur la propreté dans la capitale de l’or vert. Des dolisiens interrogés reconnaissent que « la situation n’est pas satisfaisante », mais soulignent que « toutes les grandes villes congolaises sont soumises à de grandes incivilités » et que le ramassage d'ordures est « une denrée rare ». Les déchets polluent jusqu'aux espaces verts et tapent sur les nerfs de ses habitants. « La crasse et la puanteur nous ont rendus célèbres à travers tout le pays », se désole Gervais, un résident. D'un geste du bras, il désigne une ornière sur la route remplie d'eau sale où prolifèrent des moustiques.

 

Les grandes villes congolaises font face à des défis croissants en matière de gestion des déchets, exacerbés par la densité démographique élevée et la consommation accrue. La collecte, le tri, le recyclage et l’élimination des ordures ménagères posent un problème logistique majeur.

Hausse ou baisse budgétaire ? Là encore, tout dépend où l'on regarde.

La capitale départementale du Niari (sud) est devenue le théâtre d’une intense polémique sur la gestion des déchets. Critiquée pour son inefficacité, de nombreux Dolisiens interrogés par notre rédaction jugent leurs espaces verts de qualité médiocre. La gestion des déchets et l’entretien des rues de la ville préfecture du Niari sont régulièrement pointés du doigt par les habitants, qui dénoncent une insalubrité grandissante dans plusieurs quartiers.

L’ampleur du problème est révélée par les montagnes de déchets qui s’amoncellent dans divers quartiers, générant des nuisances olfactives et des risques sanitaires considérables pour les résidents.

La situation à Dolisie reflète un dilemme plus large, où le développement urbain et la conservation environnementale doivent être équilibrés. Les autorités locales doivent désormais envisager des solutions durables qui réconcilient croissance urbaine et respect de l’environnement. Sans une action déterminée pour redresser cette gestion, la ville de Dolisie risque de subir des conséquences environnementales et sanitaires de long terme.

La polémique actuelle pourrait ainsi être le catalyseur d’un changement nécessaire, pour que la troisième ville du pays puisse véritablement répondre aux défis de l’urbanisation moderne tout en préservant la qualité de vie de ses habitants.

La plupart des habitants espèrent que l'étiquette honteuse de « ville la plus sale » obligera les décideurs locaux à agir et enrayera l'apathie civique et la corruption, jugées responsables de la situation.

« Les problèmes de main-d’œuvre et d'infrastructures auxquels nous sommes confrontés sont le résultat d'une décennie de développement urbain sans planification », explique Roland un commerçant de la ville.

À Dolisie, les signes de dysfonctionnement sont partout. Des maisons abandonnées tombent en ruines. Une voirie urbaine défoncée, des caniveaux sont devenus des décharges.

Ceux qui en ont les moyens payent des ouvriers pour qu'ils déblaient les poubelles devant chez eux - même si ce n'est que pour aller s'en débarrasser dans une autre partie de la ville.

Le bonnet d'âne reçu par la ville préfecture du Niari n'est pas tant dû à sa saleté. Quelle que soit l'indigence des autorités, la responsabilité des citoyens, qui jettent leurs détritus sur la voie publique ou le manque d'éducation de la part de certains citoyens est aussi pointée du doigt. Une importante croissance urbaine sans que celle-ci soit encadrée.

Vivement que les autorités prennent les choses en main. Encore va falloir que « les architectes de l’incivisme » empruntent le pas.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville

Photos : DR