A Brazzaville, la capitale congolaise, la liste des quartiers concernés par l'érosion s'allonge sous les regards impuissants des pouvoirs publics. Les Congolais assistent à un phénomène qui s'accélère au jour le jour. Au quartier Mayanga, dans l’arrondissement 8 Madibou qui abrite la dépouille mortelle du premier Président du Congo (Fulbert Youlou) et l'un des derniers nés à Brazzaville avec Djiri, plusieurs bâtiments pourraient être impactés d’ici 2028 et plus de 5000 logements seraient menacés. Et si rien n'est fait d'ici là, en 2030, tout le quartier pourrait être touché et le danger serait imminent, selon plusieurs observateurs avertis.
Le quartier Mayanga est menacé depuis plusieurs semaines par une érosion qui progresse dangereusement vers sa principale route bitumée, la seule voie goudronnée desservant cette zone.
Le phénomène se trouve désormais à moins de 30 mètres de cette artère vitale.
Alerté, le maire de l’arrondissement de Madibou a saisi le maire central de Brazzaville, Dieudonné Bantsimba, a-t-on appris des sources concordantes.
On rappelle que la pluie diluvienne qui s’est abattue sur Brazzaville mardi 3 juin, a engloutie une quarantaine de maisons au quartier Ngamakosso, dans le 6e arrondissement de Brazzaville sans faire de victimes humaines.
Le sol ne tenait plus sous les pieds des riverains ; il a rompu, emportant les habitations qui entouraient le ravinement, dans un spectacle apocalyptique.
Généralement, quand ce n’est pas l’érosion qui fait craindre ; c’est le déferlement des bancs de sable. Ils sont également responsables de l’engloutissement de plusieurs maisons dans le même quartier.
Pourtant, en 2024 le budget de l’Etat avait prévu quelques 2,500 milliards de FCFA pour le traitement de ces phénomènes naturels contre 1,800 milliard en 2023.
Les quartiers de Brazzaville les plus touchés par l’érosion sont principalement situés dans les arrondissements de Djiri, Talangaï, Ouenzé, et Poto-Poto, ainsi que dans certaines zones de Madibou et au bord de la rivière Mfilou.
Les quartiers comme Don-Bosco, et Mayanga, notamment, sont fréquemment touchés par des érosions et des glissements de terrain allant jusqu’à 10 mètres par endroits.
Djambala dans le département des Plateaux n’échappe pas à cette « sentence », de même que certains de Pointe Noire.
Loin d’être une simple histoire de réchauffement climatique, la météo capricieuse risque de bousculer sérieusement le quotidien de plusieurs quartiers à Brazzaville.
De jolies maisons construites au prix d’efforts et de sacrifices sont complètement détruites pour certaines et d’autres partiellement. Le risque demeure important pour l’engloutissement de celles qui sont encore intègres. L’érosion frappe fort.
Les années à venir seront cruciales pour la survie de plusieurs quartiers de la capitale congolaise face à ces risques environnementaux.
Les solutions existent, mais elles demandent une action rapide et des investissements conséquents.
Chaque fois que la pluie tombe à Brazzaville, on se reprend tout de même à espérer, tout en regardant le ciel, car c'est de là que vient toujours la menace de la « Bombe N », pour emprunter le titre de l’un des ouvrages de l’écrivain et chercheur congolais, le Docteur Michel Innocent Peya, ambassadeur des Droits et Devoirs de l’humanité et de l'Environnement, le messager du Congo dans le cadre de l’action pour la protection de l’environnement.
« Monsieur déguerpissement », « casseur en blouse de couleur orange » ou « ministre au tracteur », que de sobriquets n’utilise t- on pas, pour qualifier les actions dont le ministre d’Etat Pierre Mabiala, en charge du portefeuille des Affaires foncières et du Domaine public, pense pourtant être marquées du sceau tant régalien, civique, écologique, voire simplement humain, car il s’agit dans nombre des cas, de protéger autant des édifices publics, des vies humaines, par anticipations sur des phénomènes naturels menaçant des sites ou simplement, la préservation de la nature ou encore la restitution à l’État de son patrimoine spolié, ce en droite ligne avec la vision du chef de l’État, qui lui a défini sa feuille de route. Rarement, le peuple se met hélas au niveau d’anticipation qu'anime ses dirigeants.
À la lumière des dégradations notées ces derniers temps sur certains sites du fait des intempéries, beaucoup de citoyens reconnaissent, un peu tard tout de même, des valeurs pédagogiques aux actions du ministre d’Etat Pierre Mabiala, même si d’autres citoyens naguère réfractaires, pensent qu’il n’en ferait pas assez pour les préserver des catastrophes.
Par-delà les drames qui se nouent, du fait des intempéries, par-delà le manque de plans d’urbanisme conséquents à travers le mauvais drainage des eaux de ruissèlement, il y a que l’action de l’homme n’est pas moins marginale sur les conséquences qu’il endure.
Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville
Photos : DR