Congo : Pourquoi les caniveaux sont-ils laissés ouverts à Brazzaville ?

Pourquoi n’avoir pas posé des dalles lors de la construction plutôt que de dégager de grands moyens pour déboucher et nettoyer ces caniveaux de temps en temps ? La salubrité et l’embellissement d’une ville peuvent attirer les touristes, les investisseurs mais aussi pour abriter des évènements nationaux et internationaux. Ces caniveaux qu’on voit aux abords de nos routes de Brazzaville, la capitale congolaise, devraient permettre la circulation des eaux de pluie et des eaux usées des ménages afin de réduire les dégâts notamment les inondations. À quelques rares exceptions prêtes, ces caniveaux sont laissés à ciel ouvert alors qu’il faut absolument les recouvrir de dalles. Ces caniveaux sont constamment bouchés par des ordures et par conséquent peuvent entraîner des inondations, l’eau n’arrivant pas à circuler normalement.

C’est à Brazzaville qu’on a des problèmes de nettoyage des canalisations. Pourquoi ? On construit les routes et on laisse volontiers ouverts les caniveaux. Et après on se plaint que nos caniveaux sont bouchés et sales. Ne récoltons pas ainsi ce que nous avons semé ?

Pourquoi à Brazzaville les caniveaux sont ouverts ? En Europe par exemple, c’est rarissime de voir de caniveaux ouverts et donc les rues sont propres. Pareille pour le Canada et les USA.

Par contre, à Brazzaville, les caniveaux sont bouchés parce qu’ils n’étaient pas fermés dès le départ. Comment expliquer cet état de fait ? Le plus souvent ce sont les mêmes compagnies qui construisent ces routes. Pourquoi alors prend-on soin de bien faire les routes en Europe et pourquoi pas au Congo-Brazzaville ?

Cependant, le problème ne se limite pas qu’à cela puisqu’à l’intérieur même de chaque pays africain, les réalités varient d’une ville à une autre et surtout d’une commune ou d’un segment de quartier à un autre.

Quelles instructions le constructeur des routes a-t-il reçues ? Que stipule le contrat qui lie le constructeur aux autorités congolaises en charge de nos routes ?

Tous les caniveaux doivent être ouverts, c’est comme ça au Congo-Brazzaville.

Poser des dalles ne constituerait- t-il pas un travail de finition eu égard aux énormes efforts mis dans la construction d’une route dans une ville ?

En effet, nous pensons que nos autorités en charge des routes n’y accordent pas d’importance peut être certainement pour réduire les coûts des travaux.

Tout le monde s’accommode à ces caniveaux ouverts donc personne n’y voit aucun inconvénient à Brazzaville. C’est comme un fait banal qui est normal aux yeux de tous, autorités, riverains, municipalités, etc.

Nous évoquons ce problème parce que l’insalubrité du cadre de vie environnemental peut avoir un impact direct sur notre milieu de vie et par ricochet, des répercussions sur notre santé.

Les canalisations construites pour l’écoulement des eaux à Brazzaville sont obstruées par endroits par les déchets solides de toutes sortes, appareils ménagers, brouettes, ordures ménagères et autres.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la présence des eaux usées dans les caniveaux ouverts, des dépôts d’ordures anarchiques et les incommodités liées aux latrines, favorise le développement des vecteurs de maladies par les mouches et les moustiques.

Les moustiques causent le paludisme qui représente des cas élevés de maladies liées au mauvais assainissement, les maladies diarrhéiques, la rougeole, la conjonctivite, la fièvre typhoïde, la tuberculose, les infections respiratoires aiguës.

Quelque soient les explications morphologiques, géologiques, financières, géographiques, politiques, climatologiques, il n’est pas normal de laisser les caniveaux ouverts.

Que les autorités congolaises en charge de la construction et de l’entretien des routes en prennent sérieusement conscience.

Il faut prévoir des systèmes de canalisations des eaux dans tout le pays afin que les gens arrêtent de nous traiter de sales.

Il faut que nos dirigeants procèdent systématiquement à la confection et à la pose de dalles à chaque fois que de nouveaux caniveaux sont construits. Il vaut mieux investir dans une solution plus pérenne par rapport aux coûts d’entretien et aux coûts de gestion des Ministères créés spécialement à cet effet.

Ces caniveaux ouverts deviennent des dépotoirs où certaines personnes défèquent, d’autres y déversent les contenus de leurs wc.

A Brazzaville on ne ramasse quasiment plus les ordures depuis la fermeture d’Averda en dépit de quelques opérations isolées de la force publique.

Alors pour se débarrasser des déchets, les habitants de la capitale congolaise utilisent ces caniveaux comme poubelles.

Plutôt que d’effectuer des travaux de curage de caniveaux, pourquoi ne pas simplement poser des dalles sur les caniveaux lors des constructions des routes ?

Il est également coûteux de traiter les maladies causées par la non couverture des caniveaux. Il faut donc des caniveaux fermés. On ne devrait même pas voir ces caniveaux exactement comme en Occident. De plus, il faut renforcer le budget des municipalités pour en assurer la maintenance régulière dans nos villes.

L’on accuse à tort les populations de l’incivisme et de manque d’esprit patriotique. Nous disons à tort parce que lorsqu’un endroit est propre avant de jeter des ordures, on réfléchit. Prenez ces mêmes populations qu’on traite de la sorte et envoyez-les à l’hôtel Radisson Blu ou Hilton par exemple. Remarquez bien leurs comportements dans les quartiers et à l’hôtel Radisson Blu ou Hilton. Elles ne jetteront pas n’importe comment les mégots de cigarettes parce que l’endroit est déjà propre donc suscite la méfiance et la crainte de leur part. Elles sont tenues de maintenir l’endroit propre sans qu’on ne leur demande avec des lois ou des gendarmes ou policiers à leurs trousses.

Vous avez beau déposé sur la table du gouvernement des projets de loi qui portent sur le code de l’hygiène et de la salubrité, celui de l’assainissement. Puis deux mois après, ce code est adopté par le gouvernement pour ensuite être validé par l’Assemblée nationale. Ensuite vous procéderez à la sensibilisation et à la communication avant de passer à la phase de la répression, le problème de l’incivisme ne sera pas résolu tout comme celui causé par les caniveaux ouverts.

Mettez des gendarmes ou policiers autour de chaque caniveau ouvert, le problème sera toujours sans solution.

Oui c’est malheureux mais c’est cela nos réalités congolaises.

La solution idéale est de couvrir de dalles simplement les caniveaux dès la conception de vos travaux de routes. Ça va non seulement élargir les trottoirs pour une très bonne mobilité des brazzavillois, mais aussi de maintenir propre la ville capitale, Brazza la Verte.

Autrefois rayonnante, attrayante, Brazzaville était une ville où il faisait bon vivre grâce à sa propreté d'antan. Les congolais qui suivent l'actualité de leur pays, se souviendront d'un voyage à Brazzaville de Son Excellence, Paul Biya, Président du Cameroun au cours duquel, il a dit au Président Denis Sassou-N’Guesso : " Donne moi le secret, je trouve Brazzaville rayonnante".

Ces propos nous avaient ragaillardi et avaient suscité en nous, congolais, un sursaut d'orgueil et la fierté d'être congolais de Brazza la verte.

De même, lors du symposium littéraire international contre l’apartheid tenu à Brazzaville en 1987, le professeur Niang s’exclamait : « Nous sommes à Brazzaville l’altière, la luxuriante et coquette. Une ville où il fait bon vivre ».

De nos jours, cette fierté d'avoir Brazzaville comme capitale s'étiole à cause de l'état dans lequel se trouve aujourd'hui notre ville capitale.

Les populations transforment impunément les caniveaux en dépotoirs de déchets. On y jette tout : des sachets, des boites de conserve, des cartons, des bouteilles etc. Tout cela associé aux eaux usées qui stagnent. Les odeurs qui émanent de ces endroits ne laissent pas indifférents les piétons qui ne cessent de se plaindre.

Entre les artères de la capitale congolaise, ce sont plusieurs centaines de kilomètres de canalisations qui souffrent d’abandon, livrées ainsi à l’incivisme des populations qui ne mesurent pas toujours les conséquences de leur comportement, sur ces ouvrages publics et sur leur propre milieu de vie.

Fermons tout simplement nos caniveaux !

Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville