Kinkala : Des jeunes congolais misent sur l'artisanat, véritable gisement d’emplois, pour survivre

De nombreux jeunes congolais de Kinkala dans le département du Pool s’affairent tous les jours aux travaux de vannerie. Certains dans des ateliers et d’autres sous l’ombre d’un manguier à ciel ouvert. Chaque matin, on aperçoit déjà ces jeunes vanniers entrain de déballer leurs sacs à outils : petits couteaux, tenailles, scie à métaux, marteaux, teinture, des bouteilles d’eau…

Ils sont plusieurs vanniers à travailler à Kinkala, la ville préfecture du Pool (sud). Ils se sont regroupés à des endroits différents. L’enthousiasme collectif ferait croire à une organisation. Rien de cela ! Chacun exerce dans son coin et gère sa propre marchandise.

«Nous nous sommes regroupés ici parce que nous n’avons pas les moyens d’avoir chacun un espace de travail. Ici, nous cotisons pour payer l’espace mais chacun vend pour son propre compte», nous a confié l’un des vanniers Olivier Samba, 35 ans, père de famille.

«Ce métier me permet de nourrir ma famille et d’envoyer mes enfants à l’école et j’en suis fier» clame-t-il avec fierté.

«Nous préférons travailler indépendamment pour être libres. En association, il y a trop de contraintes. Nous voulons être autonomes», a déclaré Sylvain Malonga, 43 ans, père d’une nombreuse famille.

Ils utilisent le rotin et la liane, la matière première qu’ils achètent en paquet de 8000 FCFA pour la confection des chaises en rotin ou des fauteuils avec table en liane. Les bénéfices varient entre 50% à 80% par paquet.

Pour Sylvain Malonga, c’est « la sagesse du vannier » qui détermine le bénéfice : « il faut être sage pour espérer avoir plus de bénéfice sans gaspiller sa liane ou son rotin ».

Un salon en liane qui prend une semaine de fabrication est vendu à plus de 100.000 FCFA. Les paniers par contre n’exigent qu’une heure et le prix oscillent entre 1500 et 5000 FCFA là où la table simple, tissée en trois heures, est vendue à 5000 FCFA.

Par mois un vannier peut dépenser 50.000 FCFA pour l’achat du rotin et du bois.

Ces jeunes vanniers recherchent toutes les méthodes anciennes pour donner à leurs œuvres un gage d'authenticité. Ils vont même rechercher la matière première idéale, donc issue elle aussi de méthodes traditionnelles. Ils peuvent aussi vouloir aller au-delà de ses techniques propres et bien maîtrisées : leur artisanat plonge dans l'art créatif pur. Ils exercent plus qu'un métier : une passion, un gage d’excellence, reflet de nos cultures et de nos identités plurielles.

Au Congo-Brazzaville, la place des artisans n’est pas bien reconnue. Avec plus de 80 associations d’artisanat, la vannerie congolaise n’a pas beaucoup décollé, alors qu’elle jouit d’une réputation considérable. Les vanniers ne peuvent pas accéder à des financements pour développer leurs affaires.

L’Agence Nationale de l’Artisanat (ANA), porte-parole des artisans auprès du Ministère congolais des petites et moyennes entreprises et de l’artisanat (MPME), multiplie les appels pour inciter les artisans à obtenir une carte d’artisan et de créer une association. La carte donne le droit aux artisans de bénéficier de certains avantages tel que de pouvoir participer aux expositions nationales et internationales ou de voyager à l’étranger sous la protection de l’ANA et parfois même de bénéficier des aides financières.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo Brazzaville