Le deuxième album d’Abel Dibassa, « Nitu Ntoto », bientôt sur le marché

L’artiste-musicien Abel Dibantsa, connu pour sa voix puissante et ses intensités scéniques, s’apprête à sortir son deuxième album, neuf ans après « Succession ». Des rythmes aussi variés que frénétiques comme toujours, des guitares tranchantes, des voix impeccables. Ambiance.

En ce dimanche 23 août, il arrive ragaillardi par le soleil parisien. Casquettes sur la tête, sourire aux lèvres, Abel Dibassa est presque en transes quand il s’agit de parler de son nouvel album et ce, avec une gaieté communicative qui le caractérise. Et, à la question de savoir pourquoi neuf ans se sont écoulés entre le premier album et le deuxième, sa réponse est prompte : « C’est vrai qu’il m’avait fallu trois ans de travail pour le premier album ! Mais pour le second, j’ai voulu prendre davantage de temps, le temps du texte, le temps du son, le temps des voix... »

Chez lui donc, le temps de la conception est plus important que celui de la finalisation. Tel un écrivain qui écrit, réécrit, supprime et reprend tout à zéro. Ce côté immensément perfectionniste, il le tient en partie au très exigeant Sammy Massamba avec lequel il a longtemps collaboré. Chaque détail a son importance. De fait, un seul titre peut pendre de quatre à cinq mois. D’autant qu’il refuse de s’enfermer dans des catégorisations trop étroites, entre autres dans le genre le plus connu du Congo, la Rumba. Abel Dibassa se veut à l’écoute du monde, et c’est à juste titre qu’il emploie souvent le mot « variétés »…

« Fais-moi danser ! »

L’album à venir, « Nitu Ntoto » — traduction : le corps n’est que poussière — compte quinze titres rigoureusement fignolés. Un cocktail explosif de Rumba — bien sûr —, de Zouk, de Soukouss, de Blues, d’un zeste de Salsa. Il y décrit un univers aussi poétique que réaliste, évoquant l’humilité, la femme désintéressée, les instants de danse… Parmi ces titres, « Fais-moi danser ! », un Zouk poétique et ensorcelant à la fois, en duo avec la Guadeloupéenne Michaëla Mistille. Un titre qui rappelle « Bina na ngai na respect » de l’orchestre OK Jazz, structuré comme une pièce de théâtre avec une parfaite unité de lieu, d’action et de temps, mais cette fois avec deux personnages comme communiés par un même désir.

« Fais-moi danser !... Je t’ai vu danser à l’anniversaire de Béa !... Tu dansais tellement bien que tout le monde ne regardait que toi !... Tu étais magnifique !... Je sens mon cœur qui bat sur le rythme de tes pas !... Qu’est-ce que tu m’as fait ? Je suis conquis !... » Chanter l’instant présent, parce que le sentiment le vrai naît de l’instant, c’est cela aussi la force d’Abel Dibassa.

Cet ancien pensionnaire de l’orchestre Zakala de Brazzaville et de « Swédé » en Afrique de l’ouest ; celui qui lorgne pour de bon les pistes de danse — on l’a vu dernièrement à la « Guinguette africaine de Suresnes faire se lever la foule — n’en est pas à son coup d’essai. Son premier album, « Succession », sorti en 2016 sans label ni promo, avait accroché l’oreille des mélomanes. S’inscrivant dans la même veine, « Nitu Ntoto » devrait enflammer les oreilles averties.

BB / Les Echos du Congo-Brazzaville