Corruption au Congo : Des cadres administratifs épinglés bientôt à la barre, une étape cruciale vers la justice et la transparence

La récréation est terminée ! Au Congo-Brazzaville, la lutte contre la corruption est devenue un sujet majeur. Les scandales mettant en cause l’intégrité des responsables publics, suscitent un intérêt croissant. Le président de la Haute autorité de lutte contre la corruption (Halc), Emmanuel Ollita Ondongo, a indiqué que cette structure a reçu des plaintes diligentées contre des responsables administratifs. Celles-ci seront transférées aux juridictions compétentes.

« La Halc a reçu 53 plaintes, toutes diligentées contre des responsables administratifs ; 97 dénonciations recueillies à travers le numéro vert : 1023, mis en service depuis le mois d’août 2022 », a déclaré le président de la Halc, Emmanuel Ollita Ondongo, à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre la corruption commémorée le 9 décembre de chaque année.

Par ailleurs, la Halc a diligenté une trentaine d’enquêtes dans les administrations publiques et privées.

L’ensemble des dossiers sera transmis aux autorités judiciaires compétentes, notamment pour les faits susceptibles de constituer des infractions de corruption, de concussion, de fraude et d’autres infractions assimilées.

Cette saisine des autorités judiciaires et éventuellement la condamnation des auteurs des infractions de corruption et autres constituent une forte attente de la population, a reconnu le président de la Halc, Emmanuel Ollita Ondongo.

Emmanuel Ollita Ondongo, faites votre travail. Le travail pour lequel l'Etat vous couvre d'avantages et de privilèges. En quoi serait-elle une haute autorité si les actes pour lesquels elle doit son existence sont banalisés ?

Et vous, les Membres de la Cour des Comptes dont on ne doute pas de la qualité et de la justesse de vue de certains magistrats qui la compose. Ouvrez les yeux pour donner un sens à votre institution et honorer la Nation, votre Nation, notre Nation commune.

Vous, Inspection Générale d'Etat, Contrôle financier, avec tous vos services annexes, organes d'Etat directement attachés à la question de la transparence et à la bonne gestion des comptes publics, ne baissez pas les bras, n'ayez pas peur.

Furent des années où le nom de M. Auxence Ickonga, Inspecteur Général d'Etat effrayait lorsqu'on le prononçait dans le traitement des affaires de concussion, de détournement et d'évasion financière.

La disparition de Mr Auxence Ickonga n'a-t-elle pas donné lieu à d'autres citoyens de son gabarit ?

Et ces cadres aux références de grandes écoles qui écument les structures des impôts, le trésor, les contributions directes ?

Il est devenu de plus en plus ardu d’obtenir normalement un document administratif ou un service dans les délais normalement impartis. Tout recours à l’administration publique ou privée pour un papier ou une pièce spécifique, voire un service dont la délivrance est censée être régentée, du type passeport, carte d’identité, intervention des forces de sécurité, un poste budgétaire, une facture au Trésor public, nécessite un pot-de-vin.

A quelques exceptions près, la corruption est devenue endémique au Congo-Brazzaville et sévit à toutes les étapes de quelque processus que ce soit, particulièrement lorsque de fortes sommes sont en jeu.

La corruption et ses infractions connexes ou assimilées comme la concussion, le trafic d’influence, la soustraction et le détournement des biens, la gestion frauduleuse, l’enrichissement illicite, le favoritisme, la prise illégale d’intérêt, les abus des biens sociaux et le blanchiment des capitaux constituent un obstacle à l’éradication de la pauvreté et sape la capacité du pays d’atteindre ses objectifs du développement.

Le 31 juillet 2016, le président de la Commission nationale de lutte contre la corruption, la concussion et la fraude, Lamyr Nguelé, a accusé le Parquet de Brazzaville de ne pas engager les poursuites judiciaires contre les tierces sur certains dossiers avérés.

Dans son message sur l’état de la Nation du 29 décembre 2018, le Président congolais avait déclaré que « Face aux antivaleurs, il n’y aura ni bouclier de protection pour les uns, ni rampe de sanctions pour les autres. Il n’y aura ni menus fretins, ni gros poissons, tout passera dans la nasse de la justice ».

Denis Sassou-N’Guesso avait rappelé que la Haute Cour de Justice qui venait d’être installée dans ses attributions devait être urgemment dotée de textes de fonctionnement, afin de s’atteler à sa mission de poursuites de hauts fonctionnaires en délicatesse avec la loi. Aussi a-t-il exhorté ses membres à assumer leurs responsabilités avec efficacité.

«Désormais, à tous les échelons de l’État, chaque acteur est exposé à la rigueur de la loi. Les têtes tomberons certes, mais dans le respect d’une justice indépendante, expurgée de toute pression », a-t-il dit.

Quoi qu’on en dise, le PCT, principal parti de la majorité présidentielle, devrait être à l’avant-garde de l’action du Président de la République, Denis Sassou-N’Guesso.

Dans la lutte contre les antivaleurs, il est temps que ce parti au pouvoir qui jusque là s’illustre par les intrigues et le silence coupable sur la question, donne le ton, imprime le rythme et marque la cadence, afin de servir de levier d'entrainement à tous les congolais.

Le contraire serait une démission blâmable et coupable.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville