Frontière Congo – Gabon : Un commando d’une unité spéciale gabonaise tire sur des congolais qui exploiteraient l’or illégalement au Gabon

Dans la nuit de mercredi 14 au jeudi 15 septembre, un commando gabonais de l’unité spéciale de l’Agence nationale des Parcs nationaux, ANPN, dirigé par le Colonel Hubert Ella Ekogha a tiré à balles réelles sur des congolais qui exploiteraient l’or illégalement au Gabon. L’attaque s’est produite dans le département de Lekoko à Bakoumba dans le Haut Ogooué. Le bilan est de plusieurs blessés graves.

Même si elles se rejoignent sur l’essentiel, les versions divergent quelque peu, sur la descente musclée d’une unité commando de l’Armée gabonaise qui a ouvert le feu sur des citoyens du Congo-Brazzaville et de la République démocratique du Congo, taxés d’exploitants d’or illégaux.

D'après les premières informations, recueillies de source officielle congolaises, « tout se serait passé à Moanda, sur le territoire gabonais. Des policiers de ce pays auraient mené une action pour interpeller un présumé braqueur originaire de la RDC du nom de Likofi. Il y aurait eu un échange de coups de feu, car ce dernier avait en sa possession 4 fusils PMK et 1 pistolet automatique, PA. On ignore s'il a été neutralisé.

Il y aurait eu des victimes collatérales, dont un Congolais un certain Mandzaka de Moungoundou sud et une Congolaise une certaine Ruth, de Moungoundou nord. Pour l'instant on ne dénombre aucun décès.

Ce qui est sûr c'est qu'on trouve dans la zone plusieurs orpailleurs étrangers, en majorité des ressortissants de la RDC. »

Les autorités gabonaises et certains médias qui ont condamné cette attaque, sont plus précis, tant sur la date que sur l’unité ayant conduit  l'attaque.

Pour la Presse gabonaise dont certains titres saluent un haut fait d’armes, « Hubert Ella Ekogha a la tête d’un ‘’ commando’ ’de l’unité spéciale de l’Agence nationale des Parcs nationaux, ANPN, a dans la nuit de mercredi 14 au jeudi 15 septembre courant, effectué une descente musclée sur un site d’exploitation illégale d’or dans le département de Lekoko à Bakoumba.

Là-bas ces derniers ont ouvert le feu sans sommations préalables sur les exploitants qui seraient tous de nationalité étrangère avant de fondre dans la nature. Le commando a causé à cet effet, plusieurs blessés graves, lesquels ont été secourus jeudi matin par le samu social et la gendarmerie nationale. Plusieurs d’entre eux seraient en soins intensifs à l’hôpital régional Amissa Bongo.

« Abandonnés à leur propre sort, ils n’ont eu la vie sauve que grâce à l’intervention de la gendarmerie et du Samu Social puis admis en soins intensifs à l’Hôpital Régional Amissa », révèle le journal Depeches241.

Si on ne compte aucune perte en vie humaine, il reste que les autorités militaires locales déplorent cependant la méthode peu orthodoxe employée par le ”Colonel” Hubert Ella Ekogha par ailleurs Directeur technique de l’Agence nationale des Parcs nationaux (ANPN).

Selon la même source, les autorités administratives et militaires locales n’ont pas été informées de cette descente qui a créé la psychose au sein des populations qui ont cru être attaqués par des militaires congolais.

Selon Gabon.info, « des agents des Parcs Nationaux, plusieurs gendarmes détachés au sein de l’ANPN et le B2, tous officiers de police judiciaire ont mené une opération conjointe à Bakoumba.

Au cours de cette opération, il était question de mettre la main sur les exploitants illégaux d’or, tous de nationalité congolaise. Le commando a blessé 3 orpailleurs illégaux, dont le pronostic vital n’est pas engagé.

À la suite de cette opération de grande envergure, il y a eu plusieurs interpellations. Ainsi, c’est donc 17 ressortissants étrangers, dont un enfant de 4 ans et une femme blessée au pied qui ont été interpellés au cours de cette opération conjointe menée avec maestria par nos forces de l’ordre. La femme blessée au pied a été très vite prise en charge par l’unité médicale de l’ANPN avant d’être conduite dans une structure hospitalière à Moanda.

Quant aux 16 autres trafiquants illégaux, ils ont été conduits à Libreville où ils doivent être présentés aux juridictions compétentes. Plusieurs orpailleurs illégaux devront écoper de peines de prison fermes, tandis que d’autres seront remis à la disposition de la DGDI qui procèdera à leur expulsion. »

Le Gabon n’en est pas à sa première initiative de lutte contre les orpailleurs clandestins, en tirant à tort ou à raison sur des jeunes congolais dans la forêt de Moungoundou-Nord. Les incidents de ce genre y sont régulièrement signalés.

Dans une zone où la frontière est plus imaginaire que bornée, un chasseur poursuivant son gibier qu'il a blessé, calibre 12 en bandoulière, a vite fait de se retrouver dans un autre pays. Et l’armée gabonaise n’y va pas de main morte, avec parfois de décès, coté congolais.

Tout porte à croire que les actions politiques et diplomatiques seront enclenchées, notamment du coté du Congo-Brazzaville où l’on a toujours fait preuve de retenue dans ce genre d’incidents, afin de garantir le bon voisinage.

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville