La mort, serait-elle le nouveau paradigme de la civilisation de la communication ? (Par Michel Mboungou-Kiongo)

Dans les écoles de journalisme, on appelle ça cyniquement la "loi du mort-kilomètre". Plus un événement est distant de nous, moins il éveillera l'attention. Plus les victimes semblent éloignées, moins elles susciteront d'empathie.

Dans ces temps, particulièrement, troubles de pandémie, vraie ou fausse, la mort est devenue une unité de comptabilité qui se dispute l'actualité autant que les devises monétaires, les guerres, la politique et tout ce qui défraie la chronique mondiale.

Elle, la faucheuse, se place à la Une des médias classiques (main stream) et des nouveaux (alternative media, réseaux sociaux, internet, etc.).

La mort, serait-elle le nouveau paradigme de la civilisation de la communication ? Troublant, n'est-ce pas ?

En effet, j'ai été traversé par ce trouble pour avoir perdu une petite-sœur. Je m'étais fait à l'idée de me voir "partir" de l'autre côté du miroir sans teint, suffisamment vieux, tout en me disant, de cette voix, de l'âme, que la bouche et les oreilles ne font point savoir hors de nous-mêmes, que les plus jeunes ne me suivront que longtemps bien après.

Mais, contre toute attente, sans un signe précurseur, l'électron change de trajectoire, et vous fait entrer dans l'univers de la "physique quantique". L'instant, devient erratique. Et plus rien, n'est plus comme les jours d'avant !

C'est là, que tu te dis, " Ah Kipling...!" Ce jour-là, son poème "Tu seras un homme, mon fils" m'est revenu en mémoire comme un post ou un fichier informatique qui arrive sur l'écran de ton portable, de ta tablette ou de ton ordinateur. Aussi "froide" que soit cette image impersonnelle de la Toile numérique, j'ai néanmoins reçu ce souvenir de poésie comme une tendre caresse sur la joue de mon âme.

J'ai eu, non seulement, l'impression mais surtout, j'ai été parcouru comme par un sentiment d'une caresse portée par une main calleuse qui a tant et tant expérimenté le toucher des choses pour en avoir dans la mémoire de son cœur le relief et la texture de nombreux types de surfaces à l'image des peaux tendres et douces ; des terres dures et rudes ; des machines aguicheuses et terrifiantes ; et mêmes des temps permanents et incertains !

Michel Mboungou-Kiongo ancien DG de Télé Congo (1994-1997)