Congo : Le phénomène des enfants de la rue prend de plus en plus de l’ampleur à Brazzaville

Le phénomène des enfants dit de la rue prend de plus en plus de l’ampleur à Brazzaville à la grande surprise de la population. Ces enfants qui passent leur quotidien à la belle étoile sans même parfois avoir de quoi mettre sous la dent, passent leurs journées à quémander, à fouiller pour d’autres dans les bacs à ordures juste pour se nourrir. Certains se nourrissent comme ils peuvent du fruit de leur ramassage, sillonnant le marché le soir ou au petit matin, après le départ des vendeurs. La vie de ces enfants est violente, quasi aussi sombre que la nuit épaisse qui tombe sur la capitale congolaise.

La vie de ces enfants de la rue est caractérisée par un manque total d’hygiène, une grande violence et une promiscuité sexuelle très forte. Ceux qui en ont les capacités effectuent de petits travaux, les plus jeunes se livrent à la mendicité. L’argent récolté permet alors de prendre un repas acheté dans un des nombreux restaurants de fortune qui pullulent dans tous les quartiers de la ville.

Les enquêtes menées ont permis de dégager deux causes principales à la présence de ces enfants dans la rue.

La profonde misère dans laquelle vivent les familles en est le dénominateur commun. Beaucoup viennent de familles en grande difficulté qui ne parviennent pas à nourrir leurs enfants. Poussés par la faim, ceux-ci cherchent dans la rue de quoi manger, ils y passent leurs journées et, au bout de quelque temps, s’y installent, par commodité.

Un deuxième profil type correspond aux mères seules, célibataires ou veuves, qui ne peuvent subvenir ni à leurs besoins ni à ceux de leurs enfants et poussent ces derniers à se débrouiller tout seuls, allant jusqu’à les abandonner par désespoir. Ils ne possèdent plus rien. Plus de famille, plus de toit, pas même un vêtement de rechange. Ils dorment par terre, sur les trottoirs, dans une vieille carcasse de voiture ou sous les étals des marchés, au risque de se faire agresser ou dépouiller durant leur sommeil… La seule chose qu’il leur reste, c’est leur âme.

Le pire, c’est que les autorités congolaises ne semblent pas empressées pour juguler le phénomène en dépit des efforts multiples fournis par les institutions internationales en partenariat avec certaines Organisations non gouvernementales (ONG) à caractère social.

Traditionnellement, au Congo-Brazzaville, l'enfant était au centre de la famille. Un enfant qui perdait ses parents était « naturellement » recueilli par un oncle, un cousin, un grand-père. Nul n'était abandonné. L'enfant était accompagné jusqu'à ce qu'il puisse subvenir à ses propres besoins, dans la légalité ; c'est-à-dire, jusqu'à ce qu'il puisse exercer un métier qui lui permette d'être autonome.

Aujourd'hui, ce n’est plus le cas. A Brazzaville, où s’entassent dans des conditions souvent rudes près de 1,696 million d’habitants, le nombre des enfants de la rue serait supérieur à 1000, ces sans abris à broyer du noir dans les quartiers périphériques de la ville capitale, avec quasi autant de filles (39 %) que de garçons (61 %).

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville