Hommage à Edith Lucie Bongo Ondimba

Édith Lucie Bongo Ondimba, née le 10 mars 1964 à Brazzaville au Congo est morte le 14 mars 2009 à Rabat au Maroc. Fille aînée du président congolais Denis Sassou-Nguesso, elle était l'épouse du feu président gabonais Omar Bongo Ondimba. Au Gabon comme au Congo, on sait que le mois en cours est, entre autres, celui de cette figure féminine gabonaise disparue.

Embrigadée dans la machine du pouvoir, la défunte première dame du Gabon ne s’est pas contentée de faire joli ou de faux semblants. On peut dire ce qu’on veut d’elle et même faire semblant de ne pas avoir de considération pour elle, mais de son vivant Edith Lucie « Okito » a fait bien plus que la plupart des premières dames d’Afrique, même 7 ans après sa disparition.

En créant l’Organisation des premières dames d’Afrique contre le Sida (OPDAS), en créant le centre Horizons Nouveaux qui a permis à plusieurs jeunes handicapés mentaux ou physiques du Gabon de recevoir les meilleurs soins, en créant El Rapha, une clinique à la fine pointe de la technologie, en créant Michel Dirat, une école primaire comme on en a jamais vue à Libreville, avant ni après elle. Edith Lucie Bongo Ondimba, pour ne citer que ça, a donné le meilleur d’elle-même, dans un contexte culturel, politique et personnel qui n’incite pas à l’investissement personnel.

Une femme bafouée, quand on tient compte, du nombre d’aventures, de maitresses, d’enfants, que son époux a eu durant leur union.

Une femme dénigrée quand on est au fait de la relation qu’elle a entretenue avec Patience Dabany, l’ex-femme du feu président Bongo, la maman du président actuel du Gabon, animatrice de groupes d’animations, à qui on peut reprocher tant de choses et si peu de réalisations susceptibles de profiter aux collectivités.

Edith a été mal aimée avant son décès, regrettée sincèrement par la suite et malgré ça depuis 7 ans, aucun monument n’a été érigé en sa mémoire, aucune commémoration n’a été réellement faite, aucun témoignage de sa grande générosité d’âme n’a été diffusé, aucun documentaire n’a été initié, si ce n’est que l’admirable directrice d’Horizons Nouveaux, s’évertue à rappeler à la mémoire collective tout le bien qu’Edith a fait au monde.

Edith a quasiment vécu au Gabon durant la majeure partie de sa vie, et les traces d’elle, sont partout visibles. Elle était certes d’une grande beauté, mais c’est surtout son charisme, ses prises de parole qui ont marqué toute une génération de Gabonais.

À ce qu’on sait, Edith a plus investi au Gabon que dans son pays d’origine. Alors bien entendu, certains diront, pourquoi lui rendre hommage, elle a participé au pillage du Gabon, étant elle-même une femme du système.

Mais quand Edith décide de créer l’OPDAS, ce n’est pas dans le but de partager un tasse de thé et du caviar avec les autres premières dames qui aujourd’hui s’illustrent dans les programmes de lutte contre le Sida, à titre d’exemple Chantale Biya qu’on voyait plus dans la patronage d’événements culturels et de spectacles comparé à aujourd’hui, contexte dans lequel, elle s’inscrit comme une figure de proue contre la lutte contre le sida en Afrique.

Quand Edith a décidé que ses enfants étudieront au Gabon et bénéficieront de la meilleure éducation pour ne pas faire partie de celles qui au regard des insuffisances de notre système éducatif, envoient leurs enfants étudier à l’étranger, elle a défié la norme qui voulaient que tous les enfants de riches (ministres, députés, illustres écrous de l’engrenage du Parti au pouvoir) étudient dans des écoles prestigieuses à l’étranger.

Elle a créé une école impressionnante ! Nombreux restent persuadés que si Edith avait pu vivre beaucoup plus longtemps, elle aurait pu changer beaucoup de choses, surtout quand on voit dans quel laps de temps, elle a concrétisé ces 4 grands projets: organisation (OPDAS), école (Michel Dirat), centre (Horizons Nouveaux) construit pour matérialiser une devise chère à Mme Bongo Ondimba: «Un enfant, un être, un avenir qui a besoin de vous», clinique (El Rapha).

Dire qu’Edith était trop jeune pour mourir est un non-sens quand on est conscient du taux de mortalité infantile au Gabon.

Le mieux c’est de dire, qu’elle n’aurait pas dû mourir si tôt. Et quand on essaye, un tant soit peu de dresser la liste des femmes au Gabon qui ont été à la fois influentes et inspirantes, c’est le nom d’Edith qui devrait figurer au sommet, malgré tout ce qu’on peut reprocher à l’homme auquel on l’a offerte en mariage.

Rien ne l’obligeait à faire ce qu’elle a fait et beaucoup de femmes au Gabon disposent d’autant de moyens sans avoir un jour osé influer positivement dans la vie des gabonais.

Naturellement, le processus d’effacement des actes d’Edith des mémoires collectives est lancé et les gens ne s’en rendront certainement pas compte avant longtemps.

IKA