Le sida est la première cause de décès chez les adolescents en Afrique. Et au Congo, depuis 2012, le nombre de découvertes de séropositivité VIH a plus que doublé chez les jeunes de 15 à 24 ans, a annoncé lundi à Brazzaville, la ministre de la Santé et de la population, Jacqueline Lydia Mikolo.
La ministre de la Santé et de la population, Jacqueline Lydia Mikolo a fait cette annonce lors d’un atelier de validation du cadre stratégique national de lutte contre le VIH/Sida et de l’accélération de l’atteinte des cibles vers les objectifs 90,90,90.
« Les jeunes de 15 à 24 ans contribuent à environ 29%. Chez les filles, les nouvelles infections représentent quatre fois celles des garçons. La féminisation et la juvénilisation de l’épidémie persistent au Congo et risque si l’on n’y prend garde de compromettre l’atteinte des objectifs de développement durable du secteur de la santé », a déclaré la ministre de la Santé et de la population, Jacqueline Lydia Mikolo.
Jacqueline Lydia Mikolo a souligné qu’avec des niveaux de prévalence élevés pour le VIH et les infections sexuellement transmissibles, les populations clés cumulent en même temps d’autres facteurs de vulnérabilité. Ceci, poursuit-elle, parce que cette population est difficilement accessible, opérant en réseaux avec une faible accessibilité aux services VIH, traitement, soutien psychosocial du fait de la stigmatisation et de la discrimination de la violence sexiste et de toutes sortes de barrière à l’accès aux services.
Toutefois, la ministre de la Santé a évoqué l’élaboration de nouvelles demandes de financement au Fonds mondial, la signature de la lettre d’engagement en vue de bénéficier de l’appui du Fonds mondial et l’augmentation des allocations financières consacrées au VIH/Sida au titre de l'année en cours.
Les objectifs 90,90,90 sont une politique de l'Onusida qui consiste à permettre aux personnes vivant avec le VIH de connaître leur statut sérologique. Cette politique permet également aux personnes infectées par le VIH dépistées de recevoir un traitement antirétroviral.
On rappelle que le combat n’est pas terminé. En effet, malgré les nombreuses campagnes de prévention, le Sida reste toujours mal connu par les adolescents et les jeunes adultes.
Au début des années 2000, le nombre de jeunes infectés par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) avait diminué. Mais il est reparti à la hausse entre 2012 et 2019. Les nouvelles générations connaissent en effet moins bien la maladie. On parle moins aujourd’hui du VIH et de la maladie du sida dans notre société et dans les médias.
Il y a aussi une banalisation de la maladie dans l’esprit des gens. Quand vous êtes jeunes et qu’il n’y a personne autour de vous qui est séropositif, c’est difficile de percevoir le risque de la maladie. De plus, les jeunes ont en général une perception du risque qui est moindre que chez les adultes. Il y a également une baisse de la visibilité du VIH. Avant les personnes atteintes montraient des signes visibles de la maladie, ce qui est moins le cas aujourd’hui. Cette méconnaissance entraîne une multiplication des comportements à risques chez les jeunes. A mesure des relations sexuelles, le préservatif est abandonné sans que les partenaires n’aient fait aucun dépistage.
La prévention au cœur de la lutte
Il faut qu’on apporte plus d’information aux jeunes, plus personnalisées et contextualisées, directement sur leur smartphone. Il faut également penser à un renouvellement des messages, par exemple avec des vidéos, qui parlent aux jeunes, et faire connaître les innovations de dépistage et de prévention. Il faut retrouver l’esprit d’innovation des campagnes de prévention qui avaient été mises en place au début de la pandémie, avec les moyens de notre époque.
Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo Brazzaville