Congo : Le difficile retour des déplacés du Pool

Petit à petit, les déplacés, estimés à plus de 100 000, regagnent leurs villages dans le département du Pool (sud). Après une période de soulagement, les «retournés» continuent de vivre dans la précarité.

Les familles déplacées, de retour chez elles après plusieurs mois, voire plus d’un an, retrouvent des maisons détruites, des biens pillés, des champs détruits…

La question sanitaire est également mise en cause. Sur place, pas d'eau potable. Les rares puits que l'on trouve dans les villages sont insalubres et vecteurs de maladies.

Exemple à Soumouna, l’un des fiefs du Pasteur Ntoumi. C’est là qu’ont eu lieu les premiers bombardements en avril 2016. Les villages n’ont pas été épargnés.

Plusieurs déplacés qui retournent peu à peu dans leurs lieux d'origine, continuent de subir les effets du conflit.

C'est la première fois que Marguerite Mafouta retourne chez elle après la crise. Sa maison est décoiffée, les murs sont en ruines et les herbes ont envahi plusieurs pièces. Ce spectacle lui est insupportable : la veuve s'effondre, en larmes.

Chacun se débrouille pour reconstruire, petit à petit et à ses frais car aucun programme de dédommagement des sinistrés n'a encore été mis en place.

Si tous assurent être soulagés et se sentir mieux maintenant qu'ils ont retrouvé leur village, les conditions sont encore plus dures que sur les sites d'accueil des déplacés. A ces difficultés s'ajoute la crainte sécuritaire : les villageois tiennent aussi à rentrer pour éviter que leurs terres ne soient cultivées par d'autres, ce qui pourrait, à terme, faire naître de nouveaux conflits fonciers.

Tous prétendent ignorer les raisons de la destruction de leur village et vouloir vivre ensemble dans la paix.

Les mots sont toujours les mêmes, comme si les phrases de la réconciliation avaient été apprises par cœur. S'ils illustrent la volonté d'oublier les querelles, ils peuvent aussi se révéler inquiétants.

A force de vouloir enterrer les conflits, on pourrait revenir à la case départ et ouvrir ainsi la porte à une possible instrumentalisation de ces tensions par des personnes mal intentionnées.

Alors que la saison sèche se confirme avec l’arrêt des pluies diluviennes, reconstruire cette région du Pool pourrait illustrer la volonté de réconciliation prônée par le président congolais, Denis Sassou Nguesso.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo Brazzaville