Congo – Sécurité publique : Les capacités criminelles des « bébés noirs » restent intactes

On croyait le phénomène éradiqué ou en passe de l'être avec l'opération « Uppercut ». Hélas, il n'en est rien. Les « bébés noirs » restent actifs et continuent de sévir.

Annoncée à grands renforts médiatiques, l'opération « Uppercut » visant à sécuriser les villes de toutes incivilités et actes de banditisme pendant les fêtes, n'aurait pas eu un réel impact, aux dires des populations qui continuent de subir les assauts des bébés noirs.

Si dans l'ensemble la quiétude a été préservée dans les villes et grands centres urbains pendant les fêtes, la terreur des bébés noirs a ressurgi aussitôt après à Brazzaville comme à Pointe-Noire où des agressions sont signalées dans les quartiers périphériques de Nkombo, Massengo, Mfilou ou Ngoyo.

Pour les populations, la trêve constatée ces deux dernières semaines s'explique par le fait que «  les bébés noirs étaient aussi partis « manger » les fêtes. Les fêtes passées, ils ont repris leurs activités et veulent rattraper le temps perdu ».

En fait de temps à rattraper, c'est le violence des attaques qui inquiète. Celles menées jeudi dernier à Mfilou dans le 7ème arrondissement de Brazzaville auraient fait de nombreuses victimes.

L'angoisse des populations est si grande que ces attaques ont été perpétrées au crépuscule, 18 heures, un moment où la vie est encore bien intense dans les rues et avenues.

Au nombre des victimes, on compte l’angliciste Daniel Mboungou Mayengué qui s'en est sorti avec un traumatisme au crâne, quelques points de sutures sur la tête ainsi que de multiples contusions. Des blessures occasionnées par des attaques à la bouteille dont il a été la cible de la part de ces malfrats.

Daniel Mboungou-Mayengué: "C'était atroce, j'ai cru ma dernière heure venue"

Pour d'autres victimes, les blessures seraient encore plus graves et le pronostic vital serait engagé.

La colère dans la population de Mfilou est d'autant plus grande, qu'il y a quelques semaines à peine, police et bébés noirs avaient conclu une espèce de pacte citoyen, appelant à la fin des activités de bébés noirs des différentes « écuries » présentes à Mfilou.

Et de dire leur courroux : « au lieu d'arrêter les bandits qui volent, violent et tuent, la police négocient avec eux. C'est une façon de les entêter. Les mêmes bébés noirs qui avaient juré d'abandonner le banditisme ont repris leurs activités et c'est la population qui souffre à présent ».

La souffrance est d'autant plus grande que d'autres n'hésitent plus à prendre le raccourci de la compromission, osant même une accointance entre les bébés noirs et certains policiers « ripoux » qui leur assureraient l'impunité.

Pour d'autres encore, à l'instar de cet homme, la soixantaine révolue ; « la police ne veut pas se donner les moyens de régler le problème. Ce ne sont pas les discours devant les caméras, à la radio et à la télévision qui vont éradiquer le banditisme. La police et la justice sont trop laxistes. Il faut des véritables actions coup de poing. Faire comme disait Mao : « À violence réactionnaire, il faut opposer la violence révolutionnaire ». C'est le seul message que les bandits entendent. Le reste, c'est de l'eau sur des plumes de canard ».

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville