Congo – Situation du Pool : L'accord de paix unanimement salué par les populations déplacées et sinistrées

L'annonce de la signature à Kinkala, d'un accord de cessez-le-feu et de cessation des hostilités dans le département du Pool ainsi que son acceptation par le pasteur Ntoumi ont été accueillis comme une libération par les milliers de déplacés et de sinistrés qui espèrent vite retrouver leurs villages.

Combien sont-ils exactement ! Même si les chiffres officiels font état de 138.000 déplacés, personne ne saurait donner leur nombre exact, tant nul comptage systématique n'a été fait sur des personnes dont nombreuses sont en errance dans les forêts, recueillies dans les familles ou dans des sites de fortune.

En dépit de l'assistance multiforme qui a été apportée à nombre d'entre-eux, tous n'ont désormais qu'un seul vœu, retrouver leur lieux d'habitation et s'adonner à leurs activités, fondant leurs espoirs sur les accords signés à Kinkala.

Malgré les multiples tribulations vécues, ces hommes et femmes qui veulent tourner la page, prennent les choses avec philosophie, « remettant tout à Dieu, sur les souffrances endurées », à l'instar du vieux Michel Tambakana, habitant de Goma Tsé-Tsé, hameau de Mazinga, que nous avons pu joindre.

« Cette épreuve nous a dépouillé de notre dignité, car nous avons du nous contenter des pires conditions que nous n'aurions acceptées en temps normal. Mais nous autres, sommes des privilégiés, car notre vie est sauve. Beaucoup y ont laissé la leur, et de tout âge », nous a t-il confié.

Et de dire résigné : « il y a toujours des gens qui meurent pour les problèmes du pays. Ces martyrs qui ne sont inscrits sur aucun registre officiel et pour lesquels nulle famille n'est dédommagée. À quoi bon, cela ne les ressuscitera pas. Ce qui compte maintenant, c'est de retrouver la paix et surtout nos gîtes, notre terroir ».

La tristesse qui se lit au trémolo de sa voix est à peine couverte par son sourire tout aussi résigné qui dessine l'espoir: « Le problème ce sera désormais de pouvoir se reloger. Qu'allons-nous retrouver dans nos villages, sur nos concessions ? Des maisons, des arbres fruitiers ? Des bruits nous sont régulièrement parvenus sur ce qu'en certains endroits, les maisons n'existent plus. Même dans des cabanes de fortune, nous logerons, pourvu que nous retrouvions nos terres, sur lesquelles reposent nos défunts. »

Depuis, l'annonce de la signature du cessez-le-feu, beaucoup se relaient des messages au téléphone et guettent le moment où tout rentrera dans l'ordre pour repartir.

Pour le vieux Tambakana qui fort de ses 79 ans, croît sa vie désormais derrière lui, un rêve, soudain, prend forme : « je pensais mourir en exil et y être enterré, loin des miens, qui m'ont précédé dans l'au delà. Dieu m'a fait grâce. J'espère qu'il me gardera pour enfin retourner sur mes terres et y terminer mes jours ».

Ni amertume, ni rancœur. « Nous ne blâmons personne, nous ne récusons personne. Nous remettons tout à Dieu. Que Dieu pardonne à ceux qui nous ont fait endurer ces souffrances ».

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville