Congo – Santé : Timide retour des malades au CHU de Brazzaville 

Une semaine déjà, depuis que le service minimum a été systématiquement réinstauré au CHU de Brazzaville. Pourtant, les malades hésitent encore à s'y rendre, de nombreux services en sont dépourvus.

Quelques chose a été rompu, dans le contrat de confiance entre les malades et le CHU de Brazzaville. Malgré le service minimum officiellement maintenu, car la grève n'a à ce jour pas encore été levée, le CHU tarde à retrouver son rythme habituel qui fait de lui le plus grand centre hospitalier du pays.

15 malades reçus aux urgences mardi, alors que le service de néonatologie n'en internait que 2, moins de 10 en médecine générale, les autres services tels l'imagerie médicale, la radiologie, la cardiologie ou la cancérologie étant vides.

La maternité non plus, ne reçoit quasiment plus de parturientes. Pour les populations, le risque est trop grand, de se retrouver dans une situation où il n'y aurait pas de sage-femme, ou de matrone accoucheuse, alors qu'un accouchement est presque une course contre la montre. Ce serait la catastrophe assurée.

Même si le personnel médical et administratif essaie tant bien que mal d'assurer le service en des rotations qui garantissent une présence sur les lieux, le cœur n'est vraiment pas à la tâche et le moral a été fortement entamé.

Selon de nombreux témoignages, le mois de salaire versé n'a pas eu de réel effet sur la vie des ménages, à un moment où pour beaucoup de parents, il était impératif d'assurer la rentrée scolaire pour les enfants.

Pour les locataires, sur les trois mois de loyers cumulés, il fallu s'acquitter d'une partie de la dette auprès du logeur.

Les plus malheureux auront été les personnes ayant des encours de crédits à rembourser. Les banques auraient « raclé » l'équivalent de trois mois de mensualité. Dieu seul sait, si des frais inhérents aux retards de remboursement y ont été indexés.

D'autre part, les travailleurs doivent s'assurer le déplacement pour garantir le service minimum. Dans une ville où la pénurie de carburant est devenue endémique, les « demi-terrains » alourdissent davantage les frais de transport pour un budget déjà tendu.

Dire que pour l'ensemble des travailleurs, la situation financière reste critique et seul l'apurement des arriérés de salaire permettra un retour à la normale.

Dans une ville où tout se sait à l'instant, ce malaise partagé qui se vit dans la population, n'est pas de nature à encourager les malades à se rendre au CHU.

Bertrand BOUKAKA