Congo – Éducation : École congolaise, sacrifie t-on l'avenir au présent ?

Au moment où les étudiants congolais ont lancé un avis de grève générale illimité, alors que la télévision congolaise a une fois de plus servies à la nation ces images surréalistes des écoles aux classes surpeuplées, manquant de tout, on est en droit de se demander si l'école congolaise n'est pas en perte de vitesse.

Il y a quelques décennies, le Congo était le pays le plus scolarisé d'Afrique au sud du Sahara. Les conditions d'enseignement et la qualité du savoir dispensé plaçaient les apprenants congolais parmi les meilleurs du continent. Le diplôme congolais était respecté au pays et hors du pays. À niveau concourant, les étudiants congolais avaient une longueur d'avance sur les autres.

Depuis, tout cela s'est déprécié. D'abord dans les conditions d'enseignement. Les infrastructures à peine suffisantes manquent de tout équipement pédagogique : ouvrages et autres supports indispensables à l'animation d'une classe.

Même la craie vient à manquer, pour des enseignants et élèves sans confort, l'un dispensant son cour debout, les autres suivant ledit cour assis à même le sol ou serrés sur les rares table-bancs qui s'y trouvent encore, ce dans un brouhaha qui renvoi à la population de la classe. Un marché.

C'est bien loin, ce temps où maîtres ou professeurs tenaient un cahier d'appel pour noter les élèves présents ainsi que les absents, et orienter ainsi le suivi individuel de chacun.

Si l'école publique a perdu tous ses repères, on a créé à coté de celle-ci une espèce d’ersatz, l'école privée aux conditions diversement convenables, au prorata de la bourse.

Ici également, en dépit de quelques rares exceptions la promotion du label a conduit à des pratiques telles que, tout s’achète désormais. Le confort en classe, le savoir, voire la réussite aux examens.

Malgré les colloques et autres séminaires organisés d'année en année, l'école congolaise se déprécie de plus en plus au point d'avoir demain des générations entières qui manqueront de repères.

Les conditions de vie de l'enseignant et ses conditions de travail éloignent de lui la vocation du métier, si tant est-il qu'il en avait déjà.

Pour les élèves, les journées de classe s'apparentent à un bagne, tant les conditions invivables en classe n'incitent guère à y séjourner.

Ainsi, enseignants et enseignés remplissent tant soit peu une formalité sans réelle perspective et cela se ressent par le taux de réussite ou plutôt le taux d'échec aux examens.

L'école congolaise a besoin d'un vrai "plan Marshall". Il y a quelques années, le président de la république avait décrété deux ans de suite, l'année de l'école, avec l'injection des moyens conséquents pour doter les écoles en classes et matériels adéquats et donner à l'école congolaise un visage avenant.

Le ministre Hellot Mantson Mampouya disposa de cette manne dont personne ne vit les résultats significatifs sur le terrain.

Malgré la gabegie qu'il organisa sur ce secteur d'avenir et du devenir de la nation, l'homme a disons-le pris du galon. Désormais, c'est de la Recherche scientifique qu'il s'occupe. Un autre secteur d'avenir. Bien à lui.

Bertrand BOUKAKA