Congo – Prise en charge VIh/sida : Rupture des ARV, les malades dangereusement exposés

Le gouvernement en avait décidé de la gratuité, hélas, l'approvisionnement conséquent tarde à suivre. Dans une lettre ouverte  adressée à la ministre de la Santé et de la population, la Fédération congolaise des droits de l’Homme déplore la rupture des Antirétroviraux (ARV) au Congo.

La vie des malades soumis aux traitements antirétroviraux serait-elle doublement en danger ? C'est à tout le moins ce qu'il paraît.

Sur la base de plusieurs interpellations, l’organisation de promotion et de défense des droits humains a mené une enquête auprès de deux cent vingt-trois personnes vivant avec le Vih/sida et des diverses structures spécialisées comme les Centres de traitements ambulatoires de Brazzaville et Pointe-Noire, la Congolaise des médicaments essentiels génériques , le comité de coordination nationale des projets financés par le Fonds mondial et le Programme national de lutte contre le Sida pour constater l'évidence.

À l’issue de cette enquête, il ressort qu’une situation extrêmement grave menace dangereusement la vie des milliers des filles et fils du Congo vivant avec le Vih/sida, faute de fourniture en médicamants.

En des termes clairs, la Fécodho appelle la ministre de la santé à un sursaut salvateur pour des malades en péril.

« Il s’avère, Madame la ministre et vous le savez : que la situation du Vih/sida au Congo est préoccupante avec plus de 100.000 personnes infectées ; que la rupture des ARV provoque inéluctablement des résistances organiques ; que la rupture des ARV entraîne la dégradation de la prise en charge des patients ; que la rupture des ARV provoque l’effondrement du système immunitaire et que la rupture des ARV entraîne la résurgence et le développement des maladies opportunistes et des décès en cascade », peut-on lire dans cette lettre.

La Fécodho dit avoir appris et vérifié que plusieurs malades, à défaut de la trithérapie, faute de mieux, prennent maintenant la bithérapie. Un bricolage de fait, précise la lettre, qui ne manque pas, là aussi, de graves conséquences.

« Sur la base des informations recueillies auprès des structures spécialisées, il ressort que c’est votre cabinet qui monopolise directement les opérations d’approvisionnement des ARV se transformant, de fait, en centrale d’achat en lieu et place de la Congolaise des médicaments essentiels génériques. La Fécodho dénonce avec fermeté ce qu’elle considère comme des comportements et pratiques cruels et inhumains. Elle rend votre cabinet responsable de toutes les conséquences qui en découlent », poursuit la lettre.

La Fécodho a transmis une copie de la présente lettre ouverte au ministre de la Justice et des droits humains en vue de l’ouverture d’une information judiciaire pour « homicide involontaire » et non-assistance à personne en danger.

« Le droit à la vie est le droit de l’Homme par excellence et facteur explicatif de la jouissance de tous les autres droits attribués à la personne humaine », conclut la lettre.  

Benoît BIKINDOU