La téléphonie mobile est désormais entrée dans le quotidien des populations que s'en passer serait une réelle catastrophe. Pour le déploiement de ladite téléphonie, des antennes relais inondent le territoire d'ondes électromagnétiques. L'implantation des antennes serait-elle sans conséquence sur la santé des populations ?
Au Congo, dans les quartiers, les toits d'immeubles résidentiels, les cours d'écoles, voire les hôpitaux, des villes et villages, les antennes relais poussent à vue d’œil.
Cet investissent des sociétés de téléphonie s'accompagne de la prouesse technologique d'une couverture nationale quasi exhaustive en matière de téléphonie.
Aujourd'hui, les avis de l'OMS insistent sur le niveau de protection sanitaire des populations, surtout les plus vulnérables afin de limiter les intensités d'émission et encadrer le déploiement de la téléphonie mobile.
Au Congo, aucune instance gouvernementale n'a entériné ce consensus scientifique.
Il y a quelques mois, suite au principe de précaution, les décideurs de l'école congolaise avaient pris solennellement la résolution de débarrasser les écoles des antennes de téléphonies qui y sont érigées. Depuis, cette décision est restée un vœu pieux, sans réelle force juridique devant l'accompagner.
Ces antennes sont la plupart du temps montées après des « contrats », ou des arrangements de particulier à particulier entre la société de téléphonie et le propriétaire du lopin de terre où est implantée l'antenne. Ce vide juridique permet à l'industrie de ne subir aucune contrainte. Pire, ce sont les gouvernants et des pseudo agences des régulation qui favorisent l'industrie de la téléphonie mobile en définissant des limites somme toute hasardeuses d'émissions.
À ce jour, aucune réglementation conséquente applicable en la matière n'est de nature à conforter les congolais. Personne non plus ne leur dit rien du tout sur les éventuelles conséquences que peuvent générer ces expositions électromagnétiques à outrance sur les organismes. « Circulez, il n'y a rien à voir. »
Faut-il craindre les antennes relais sur les toits et quelle est la réglementation applicable en la matière ?
Dans le domaine, chacun défend son ''bifteck''. Ce danger n’est pas prouvé scientifiquement, arguent les opérateurs. L’hypothèse d’un risque pour la santé des personnes vivant à proximité des antennes relais ne peut donc être retenue.
D'autres vont jusqu’à affirmer qu'en tout état de cause, le risque serait insignifiant comparé à celui pouvant résulter de l’utilisation du téléphone portable lui-même.
Des interrogations demeurent toutefois sur le long terme et les études se poursuivent, d’autant que certaines personnes vivant à proximité d’antennes relais se plaignent de troubles, tels que migraines, acouphènes, cette sensation d'entendre un bruit qui n'existe pas, fatigue, anxiété ou nausées.
CHU de Brazzaille, des antennes sur le toit au mépris du principe de précaution
Utiliser son téléphone portable est aujourd’hui une évidence, pour téléphoner mais aussi pour consulter ses mails ou Internet. Personne, ou presque ne remet en cause cette technologie. Or, ces petits objets ne fonctionnent que grâce aux antennes relais de téléphonie mobile et là est le problème.
Dans certains pays, le législateur a fixé de façon drastique des seuils d’exposition aux ondes électromagnétiques, au-dessous desquels on considère qu’il n’y a pas des risques pour la santé.
En France par exemple, l'association des maires de France, la mairie de Nantes, de Paris, et bien d'autres encore, ont négocié avec les opérateurs, une charte relative à l'implantation des antennes relais, à leur intégration dans le paysage et à leur puissance. Au niveau national, les seuils sont issus d’un décret de 2002. Les niveaux de champs se mesurent en volts par mètre et les seuils varient entre 41 et 61 volts par mètre. Les associations militant contre les antennes relais dénoncent ces seuils encore trop élevés par rapport aux pays voisins.
Qu'en est-il alors pour le Congo ?
Les antennes poussent partout où il est possible de les implanter. Sur les toits des immeubles bâtis en hauteur, qu'ils soient d’habitation ou pas. Dans des parcelles d'habitation ou dans les cours d'écoles, voire des églises.
La location de l'espace se monnaye à prix d'or et l’appât du gain est tentant pour les propriétaires de terrains.
L'exposition aux ondes électromagnétiques est peut-être une menace sournoise qui nous ronge. Le principe de précaution s'impose par delà la rente financière, afin de ne pas sacrifier notre avenir sanitaire au présent de notre confort technologique. C'est à l'État d'y veiller, sans attendre.
Benoît BIKINDOU