Fermez les yeux et imaginez un cimetière municipal au Congo-Brazzaville. Comment est-il ? Pour certains, ce sera de vieilles tombes entourées de feuilles mortes d'où jaillit parfois un écureuil ou un hérisson… Pour d'autres, ce sera un alignement de tombes de granit rutilantes séparées par un gazon finement coupé, d'autres encore imaginent un endroit où reposent les morts et voguent les vivants, ici un passant, plus loin, une poussette, une bicyclette… Notre vision du cimetière dit beaucoup de notre rapport à la mort comme à la nature, et l'espace du repos éternel de nos morts est ainsi devenu, ces dernières années, un terrain de bataille idéologique. Car depuis plusieurs décennies, les cimetières municipaux, comme le reste des espaces publics, ne peuvent plus être désherbés ou entretenus. Il y a des herbes un peu partout, il y a des pousses d’arbustes… Ce n’est pas à quelqu’un de bénévole de le faire, c’est un employé communal qui devrait s’occuper de ça. Un vrai casse-tête pour de nombreuses communes, et surtout les plus petites, qui n'ont parfois pas le budget suffisant. Ce sujet sensible revient sans cesse et les Mairies tentent de répondre aux besoins des administrés comme elles le peuvent, mais le manque de personnel ou le manque des moyens financiers inquiète.
La Toussaint, c'est l'occasion de se rendre au cimetière pour fleurir les tombes de proches disparus. Des cimetières municipaux parfois mal entretenus, car ça coûte cher aux petites communes.
À l’approche de la Toussaint, l’entretien des cimetières au Congo-Brazzaville est une question qui revient toujours sur la table.
Entretenir les tombes est un sujet sensible pour les familles des défunts, mais aussi un vrai casse-tête pour de nombreuses communes, et surtout les plus petites, qui n'ont parfois pas le budget suffisant. Et l'état du cimetière se dégrade.
En cette période de recueillement et de mémoire, la situation est encore plus frappante.
Le cimetière public d’Itatolo, relevant actuellement de Djiri, 9e arrondissement de la capitale congolaise, le cimetière privé Bouka, la Grâce, le Final, fait face au manque d’entretien, se heurte à de nombreux problèmes. Parmi lesquels, la profanation des tombes détruites, l’insalubrité, les constructions non autorisées autour du site, le manque des intervalles entre les tombes, le vol des croix et des cercueils. La mairie de Brazzaville, incriminée au premier plan, y compris les particuliers qui se sont lancés dans le service d’inhumation des morts. Ce, en dépit qu’il n’est plus opérationnel depuis plusieurs années.
Dans le lot, les cimetières Mayitoukou, Case Barnier, Moukoundzi-Ngouaka, Wayako, Samba Alphonse, Loukanga ne dérogent pas à la triste réalité. Certains sont sur des sites collinaires exposés naturellement à l’érosion, dénuder ou déplacer par ravinement. Dans ces cimetières, les cercueils ou les ossements des cadavres sont parfois emportés par l’érosion et exposés à l’air libre où dérivent avec les eaux de ruissellements jusque dans certaines zones résidentielles en contre bas qui sont les secrétions souterraines des cadavres contaminent probablement les sources d’eau.
Aux yeux de la loi, c'est bien à la commune d'entretenir les allées du cimetière. Le reste des tâches appartient aux proches, mais ils ne sont pas toujours présents.
Mais niveau budget, c'est impossible pour les différents maires du pays. Pour s'occuper du cimetière, il faudrait une personne toute l’année et ça nécessite des moyens matériel et financier. Donc ce n’est pas possible. Les moyens mis à disposition des cimetières dans les communes sont bien insuffisants, selon les élus.
Le Congo-Brazzaville vit une véritable révolution des mœurs funéraires qui devrait remettre en cause assez fondamentalement la place et les fonctions des cimetières dans les années à venir.
Malgré les marronniers de la Toussaint qui vont voir fleurir des articles sur les ventes de chrysanthèmes et le déplacement des Congolais dans les cimetières le 1er novembre, la réalité est tout autre.
Nos cimetières devenus des repères de bandits et autres malfrats, doivent évoluer pour répondre aux besoins nouveaux et rester un élément-clé de notre identité.
A Brazzaville comme à Pointe-Noire, quand les cimetières ne sont pas à l’abandon en matière d’entretien ou de salubrité, ils sont transformés en marché où les usagers viennent s’approvisionner. Ils ont cessé d’être des lieux sacrés. Nombreux sont même spoliés. Cet état de choses préoccupe les autorités congolaises qui étudient la possibilité de les clôturer et de leur affecter des gardiens.
Et pour leur entretien, il faut que tout le monde y mette du sien, le conseil municipal en premier.
Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville