La dépouille de Patrice Lumumba remise officiellement à sa famille par la justice belge, plus de 61 ans après sa mort

Ce lundi 20 juin 2022, plus de 61 ans après sa mort, la dépouille de Patrice Lumumba, le Premier ministre congolais, a été restituée à sa famille et à  la RDC son pays. Il s’agit d’une dent conservée toutes ces années par l'un des policiers belges qui avaient été chargés de faire disparaître toute trace du héros national.

La dépouille de Patrice Lumumba, contenue dans un coffret bleu vif, a ensuite été mise dans un cercueil de bois sombre qui a été conduit à l’ambassade de RDC, première étape de son retour en terre congolaise.

La cérémonie a eu lieu en présence de la famille de Patrice Lumumba, mais aussi des autorités belges et congolaises.

Elle a été marquée par le discours du Premier ministre belge. Alexander de Croo, devant la famille de Patrice Lumumba a « réitéré les excuses du gouvernement ».

Des excuses déjà présentées en 2002 par Louis Michel, à l’époque chef de la diplomatie belge.

Alexander de Croo a cette fois évoqué les regrets et la responsabilité morale des dirigeants belges dans cet assassinat.

« Un homme a été assassiné pour ses convictions politiques, ses propos, son idéal. Pour le démocrate que je suis, c'est indéfendable, pour le libéral que je suis, c'est inacceptable. Et pour l'humain que je suis, c'est odieux », a ajouté le chef du gouvernement qui a répété plusieurs fois, dans une anaphore, que cette restitution était bien trop tardive.

Ensuite, le Premier ministre congolais, Jean-Michel Sama Lukonde a pris la parole pour saluer « Lumumba, notre héros national », ajoutant que la date du 20 juin 2022 « entre dans les annales de l’Histoire. C’est tout un continent, l'Afrique, qui célèbre le retour de l’un de ses dignes fils ».

Juliana, la fille du héros national congolais, Emery Patrice Lumumba a envoyé une lettre au roi des Belges, le 30 juin 2020. Elle demandait que lui soit restitués les quelques restes mortuaires de son père dont le corps n'a jamais été retrouvé.

« Dans cette lettre, je demande à ce que les restes mortuaires qui sont en Belgique nous soient restitués, pour que l’on puisse, enfin, enterrer notre père dignement. Ses restes sont séquestrés au Palais de justice en Belgique. C’est avec certitude que l’on sait que c’est sous-scellé au Palais de justice, parce qu’il y avait le fameux individu, qui était sorti à la télévision, en disant qu’il avait gardé deux dents de Lumumba. C’est qu’il l’avait torturé. On a trouvé ça et ça été pris et mis sous scellé. C’est pour cela que, quand on l’a su, je crois que c’est la fin d’un processus, d’une espérance. Parce qu’il y a eu différentes démarches, mais qui n’ont pas abouti à grand-chose. Pour ma famille, donc mes frères et moi, c’est la fin de notre devoir d’enfants d’enterrer notre père. Mon père et ses compagnons sont morts pour ce pays. Ils ont versé leur sang dans ce pays. Ses restes doivent rentrer chez lui », explique longuement Juliana.

Patrice Lumumba a été le premier Premier ministre du pays en 1960. Après son assassinat, son corps n’a jamais été retrouvé. Seul indice : un document filmé dans lequel celui qui aurait fait disparaitre le corps, le Belge Gerard Soete, montre des dents censées être celles de Patrice Lumumba.

A l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance de la République démocratique du Congo (RDC), le roi des Belges,  Philippe a adressé une lettre au Président de la RDC, Félix Tshisekedi dans laquelle il demande pardon, pour la première fois dans l’histoire de la Belgique, au nom de son pays pour les « actes de violence et de cruauté » commis pendant la période coloniale.

Dans cette lettre adressée au président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, le roi Philippe a écrit : « je tiens à exprimer mes plus profonds regrets pour ces blessures du passé dont la douleur est aujourd’hui ravivée par les discriminations encore présentes dans nos sociétés ».

« À l’époque de l’État indépendant du Congo (quand ce territoire africain était la propriété de l’ex roi Léopold II, ndlr) des actes de violence et de cruauté ont été commis, qui pèsent encore sur notre mémoire collective », a assuré Philippe, qui règne depuis 2013.

« La période coloniale qui a suivi (celle du Congo belge de 1908 à 1960) a également causé des souffrances et des humiliations », a-t-il ajouté.

Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville