Congo – Lutte contre les antivaleurs : Les services de police instruits pour lutter contre l'absentéisme au travail

« Ils viennent en retard, il repartent en avance et ils augmentent les chances d'être payés. » Ces propos de Denis Sassou N'Guesso dénonçant l’absentéisme des fonctionnaires congolais, qui remontent à de nombreuses décennies déjà, semblent être remis au goût du jour. Désormais, les services de police ont entre autres missions, celle de traquer les agents de l'État qui se trouveraient ailleurs que sur leur lieu de travail, aux heures de service. Le conseil des ministres en rendra compte au peuple.

Entendre son nom lors du compte rendu du conseil des ministres était jusque-là signe de promotion à travers une nomination à une haute fonction. Désormais, il faudra s'habituer à la lecture des noms des agents indélicats. Ceux « débusqués » dans quelques lieux de jouissance du pays, aux heures de service.

Si la méthode rappelle la touche martiale du Comité Militaire du Parti CMP des années 1977-1979, il n'en demeure pas moins qu'elle expose à la face du pays tout entier des hommes et des femmes qui en porteront longtemps les stigmates, ce qui est d'un effet pédagogique hautement porteur. Pour le mois de septembre 2018, le ministère des Finances remporte la palme des cadres les plus indélicats.

Ainsi, le conseil des ministres du samedi 6 octobre a suivi la « Communication sur la situation des fonctionnaires et autres agents de l’État non assidus sur leur lieu de travail ou pris en flagrant délit dans des lieux de jouissance et loisirs durant les heures de travail.

Le ministre de l’Intérieur et de la décentralisation, Raymond Zéphirin Mboulou a rendu compte aux membres du Conseil des ministres des résultats de la mission confiée par le président de la République aux services de police, mission en deux volets, à savoir : Présence et assiduité à leur poste de travail des agents et fonctionnaires de l’État travaillant dans les ministères ; Vérification de la présence indue de fonctionnaires et autres agents de l’État dans des lieux de jouissance (bars, dancings, restaurants.…) et ce, aux heures de travail.

Sur le premier point, et rendant compte de la mission confiée à ses services, mission qui s’est déroulée fin septembre 2018, le ministre Mboulou a fait le constat que la grande majorité des départements ministériels connaissait un absentéisme important, des arrivées tardives et des départs anticipés des agents pourtant tenus à la ponctualité et à l’assiduité au travail.

Le Conseil des ministres déplore cette situation et rappelle solennellement à tous les agents et fonctionnaires concernés que les valeurs sur lesquelles doivent se fonder l’harmonie dans notre République sont, en premier lieu, le goût et l’assiduité au travail.

Le Conseil souligne, en outre, qu’au moment où l’État, malgré la crise financière aiguë traversée par notre pays, s’efforce de mobiliser chaque mois des dizaines de milliards de Francs CFA pour assurer le traitement régulier des fonctionnaires et agents de l’État, il apparaît particulièrement choquant de relever un tel état de fait. Il souligne que la lutte contre les antivaleurs est un combat quotidien et commence par le respect de comportements civiques, en rapport avec le souci commun et légitime de mobilisation au profit des Congolaises et Congolais, lesquels ont droit à un service public disponible et respectueux de la règle commune.  

Sur le second point, le ministre Mboulou a rendu compte des résultats des opérations et investigations menées, dans les lieux de jouissance de Brazzaville et ce, au ours des journées des 26 et 27 septembre 2018. Il en ressort que cinquante-six agents et fonctionnaires d’Etat ont été pris en flagrant délit de présence sur ces lieux et ce, aux heures de travail qui leur sont en principe dévolues.

Pour l’édification du peuple et sans que cela ne soit perçu comme un acte de délation, le Conseil des ministres a décidé de rendre publiques les identités, administrations ou structures d’origine des agents ainsi débusqués, tout comme les lieux de jouissance où ils ont été surpris. Il s’agit de :

Pour l’ex-Société nationale d’électricité : Christian Mampouya, au Restaurant « Mère Annie», vers la boulangerie de la Plaine.

Ministère du Commerce : Cacharel Nkoua, dans un restaurant du beach de Brazzaville. CNSS : Gabriel Bouesso, Giresse Malonga, Mme Samba née Kimbembé, au restaurant de la gare ferroviaire ; Eric Ongala, Diane Ngambou, au beach de Brazzaville.

Primature : Issabou Mvouti et Pouat Say Nguié, au beach de Brazzaville.

Mairie de Brazzaville : Paul Madzou au restaurant « Mami Wata ». 

Ministère des Finances : Raphael Kiamba, Pierre Simon Louvilola et Jean Miyengui, à la pâtisserie Mandarine. Diane Okemba, Mariol Bangassi et Garcia Malonga au beach. Savy Onda, Bertrand Yoka, Ngatsala Yombi, Asso Ngapoula, Itoua Atipo, Sita, José Itoua, au restaurant « Ile de France ». Trésor Makita, Roch Oviendo, Ondze et Okouenguele, au restaurant « Mère Carine » à Faco peintures. Régis Taty, au restaurant « Vieux Samy ».

Ministère de la Santé : Nicolas Mayina à la Mandarine. Nzitoukoulou au beach.

Université Marien-Ngouabi: Dame Matala à la Mandarine.

Ministère de l’Economie forestière : Serge Mazaba, à la Mandarine.

Ministère de l’Enseignement primaire et secondaire : Franchela Ngayo, à la Mandarine.

Ministère de la Justice : Georges Mayitoukoulou, au beach. ANAC : Montoly, au beach. SNPC : Patrick Iwangou, au beach.

CRF : Daniela Miafoutila, Ngangoué, Prince Essami, Patrick Otina, Jules Ndembolo, Fils Ngajieni Oba, Patience Okagnia, Jacques Oyouma, Apendi Ondze, tous au restaurant « Ile de France », Ulrich Boubouaka, Darlich Mongo, Obosso Mekoyo, Athanase Ngassaki et Kabi au restaurant « Mère Carine ». Stevy Okoua au restaurant Vieux Samy.

Ministère de la Communication : Josdel Nganga, au restaurant Startimes.

Ex-SNDE (Congolaise des eaux) : Villiers Ongagnia, au restaurant Startimes. Claude Moukengo, Roger Boukaka et Joachim Massamba, au restaurant « Mama Mapassa ».

Compte tenu du caractère exemplaire que le Conseil des ministres entend  donner à cette publication et afin d’édifier nos compatriotes sur le respect des règles du service public, qui ne sont que celles du « service au public », il a été décidé que les dirigeants des ministères, administrations, établissements publics et entreprises concernées devront procéder sans délai à la convocation des conseils de discipline, conformément aux textes en vigueur ainsi qu’à la comparution des agents ainsi identifiés.»

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville