Qu'ils soient issus des plus hautes institutions de l'État, de l'Armée ou la Police, des textes administratifs ou notes confidentielles sont désormais dévoilés sur les réseaux sociaux. Dire que les secrétaires de l'administration congolaise manifesteraient à l'évidence un déficit de conscience professionnelle. Mais, à quelles fins ?
Depuis quelques temps, des documents originaux, même destinés à un usage interne de certaines administrations, et donc non autorisés de divulgation, se retrouvent sur les réseaux sociaux. Une entorse portée au droit administratif, si ce n'est à l'éthique et à la déontologie du métier de secrétaire.
Si cette pratique qui dénote d'une légèreté de certains cadres administratifs en quête de sensationnel ou animés d'une volonté de nuisance, fait le buzz, en ce que les secrets, même d'État, se retrouvent à la rue, elle désacralise une profession, celle de secrétaire, naguère réservée aux personnes dont l'intégrité ne faisait aucun doute et étaient donc dignes de confiance pour le chef.
Depuis, le secrétaire n'est plus celui ou celle qui « tait le secret », car n'a t-on toujours pas dit que « secrétaire » se composait de deux mots, « secret » et « taire » ? Ainsi, le bon ou la bonne secrétaire est cette personne discrète, qui voit tout, entend tout et qui ne parle pas aux tiers de ce qu'elle a vu, lu ou entendu.
En dehors des qualités intellectuelles requises pour son métier, la discrétion fait également partie de l'éthique du parfait secrétaire.
Seraient-ce les secrétaires qui sont à l'origine des fuites récurrentes des documents administratifs, toutes administrations confondues, même les plus sensibles, ou peut-être des tierces personnes qui seraient animées d'autres desseins, il faut le savoir.
Au moins, une chose est sûre, à travers ses pratiques cousues d'antivaleurs, toutes aussi décriées les unes que les autres, l'administration congolaise est à certains égards, véritablement en perte de vitesse.
Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville