Congo – Réinsertion des ninjas : Le « chèque en blanc » du gouvernement s'annonce bien lourd

Les termes de l'accord de Kinkala prévoient en priorité, la réinsertion sociale des ninjas-nsiloulous à la solde de Frédéric Bintsamou alias pasteur Ntoumi. Mais combien sont-ils exactement. Cinq mille, dix mille ou plus ? Il va s'en dire que le gouvernement risque d'être confronté à « l'émission d'un chèque en blanc » dont le montant que l'on y apposera, risque de faire très mal au portefeuille.

La paix n'a certes pas de prix, et celui dont vont s'acquitter le gouvernement et les partenaires internationaux impliqués dans le programme DDR risque d'être des plus fluctuant.

Combien le pasteur Ntoumi comptait-il de combattants en armes ou potentiel ?

Il est encore trop tôt pour répondre à cette interrogation. Pourtant tout indique qu’ils sont en nombre impressionnant, tel que constaté  les 21 et 22 mars, à l’occasion de la mission de sensibilisation que la commission ad hoc mixte paritaire (Camp) de l’accord de cessation des hostilités dans le Pool a effectuée à Kinkala, Mindouli et Kindamba.

Selon des témoins ayant fait partie du convoi, «  tous les jeunes, ou presque, se sont radicalisés, disant combattre pour une cause nationale. »

Au plus fort de la crise, nous attirions l'attention sur les risques d'une radicalité systématique de tous les jeunes présents dans le département du Pool. Aussi écrivions-nous : « Quand un conflit intra-national s'éternise, les dommages collatéraux, du fait de leur multiplicité, deviennent assimilables à des faits de guerre, pour ceux qui en sont victimes. Le doute s'installe dans les esprits et la neutralité, même des forces gouvernementales devient sujette à caution, auprès des populations en qui naît le « syndrome de Stockholm », alimenté par les accointances géographiques, ethniques ou tribales. »

Les reporters relèvent qu'''En dehors des petits villages, on retrouve aussi une kyrielle de combattants ninjas dans les centres urbains, notamment à Kinkala, Mindouli et Kindamba. Si rien que sur cet axe, les ninjas sont en nombre impressionnant, combien sont-ils dans les axes Kindamba-Mvinza-Kimba ; Linzolo-Mbandzandounga ; Kinkala-Nganga Lingolo, mais également sur la voie de Goma Tsé-Tsé ? On se demande aussi combien peuvent-ils encore être en forêt dans le premier rayon de leur guide''.

Ces milliers d'ex combattants ont des profils divers. Autant d'intellectuels, de semi-analphabètes, que des analphabètes.

Combien seront insérés dans la Force publique. Combien seront aptes à être orientés vers d'autres secteurs professionnels. Parviendra t-on à les insérer tous, sans en oublier d'autres qui fort de « l'expérience acquise », se lanceraient dans le grand banditisme ?

Dire que le gouvernement a véritablement « du pain sur la planche ».

Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville