Congo : Clément Mouamba a su imposer un style novateur à la Primature

La simplicité affichée et le langage franc et direct de celui qui a appris sa nomination au poste de premier ministre chef du gouvernement le 23 avril 2016, en regardant la télévision comme tout citoyen congolais, séduisent les congolais, même si des dossiers avancent peu.

Par décret 2016-117 du 23 avril 2016 lu à la télévision par Firmin Ayessa directeur de cabinet, le président Denis Sassou Nguesso nommait Clément Mouamba au poste de premier ministre. Et depuis près de deux ans, celui qui est né vers 1943 à Sibiti dans le département de la Lékoumou, au su imposer un style novateur à la Primature.

Son attitude modeste et quelques gestes symboliques ont suffi à donner le ton. Clément Mouamba a appelé à plus de justice sociale. Une priorité donnée aux exclus qui tranche avec ses prédécesseurs.

D’ailleurs, l’économiste congolais a été élevé, en février 2017, au rang de citoyen d’honneur de la ville de Brazzaville par le Conseil départemental et municipal de Brazzaville pour : « son tempérament très agréable, son caractère affable, son calme et son sérieux qui frise parfois la gravité ». L’assemblée locale reconnaît en cette illustre personnalité plusieurs autres qualités dont : la douceur et la paix.

Clément Mouamba qui affronte avec courage et abnégation la crise sécuritaire et économique que traverse le Congo, semble entrer dans l’action en 2017 décrétée année de rigueur et de vérité par le président de la République, Denis Sassou Nguesso.

Conscient du fait que les membres de son gouvernement doivent suivre, il a décidé de réduire à un caractère « symbolique » les cérémonies de présentation de vœux de nouvel an dans les Ministères. Contrairement à la pathétique habitude de cérémonies festives observées à cette occasion, il est autorisé aux ministres de n’organiser que des rencontres avec les membres de leur cabinet sans couverture médiatique. Le caractère spectaculaire et festif de ces manifestations où champagne et bière coulent à flots est désormais interdit, selon la circulaire 137 du 31 décembre signée par Clément Mouamba. Excepté les cérémonies de vœux au président de la République, les autres présentations de vœux seront désormais sobres, obéissant ainsi à la rupture.

Jusqu’à 2016, les membres du gouvernement faisaient venir tous les directeurs travaillant dans les douze départements du pays pour leur présenter les vœux. Les membres du cabinet ministériel ainsi que les directions devraient participer à ces cérémonies. La danse, le repas et la boisson agrémentaient le mot d’orientation du ministre que les collaborateurs oubliaient presque aussitôt. Dans les éditions d’informations des télévisions nationale et privées, la diffusion de ces cérémonies passent en bouclent.

Aujourd’hui Clément Mouamba a décidé de mettre un terme à cette pratique qui paralyse le trésor public. Des économies en plus en ce temps de crise dans un pays qui prône la rupture et la rigueur, et où les dirigeants doivent désormais dire la vérité et montrer l'exemple.

En raison de l’amenuisement des finances publiques, la durée et le budget du FESPAM seront réduits au strict minimum, avait tranché aussi le premier ministre congolais, car a-t-il dit, « il s'agit d'établir des priorités ». Pour faute de trésorerie disponible, il a renoncé également à l'organisation de l'Afrobascket, une manifestation sportive qui nécessitait un peu plus de 3,5 milliards de francs CFA.

Des chantiers au long cours

Sa volonté de changement se heurte néanmoins au poids des traditions, notamment la corruption et ses infractions connexes ou assimilées comme la concussion, le trafic d’influence, la soustraction et le détournement des biens, la gestion frauduleuse, l’enrichissement illicite, le favoritisme, la prise illégale d’intérêt, les abus des biens sociaux et le blanchiment des capitaux. Elle se heurte aussi à la crise financière qui étrangle le pays depuis la dégringolade des prix du baril du pétrole.

La chute drastique des prix du pétrole au niveau international expliquerait toute la lenteur de l’ensemble des chantiers engagés par son gouvernement à travers le pays. Tout est au point mort. Tout.

Et depuis plus d'un an déjà, Clément Mouamba n'a assurément pas respecté les prescrits du FMI et apparaît quelque peu comme étant l'un des responsables de la situation actuelle.

Malgré ces résultats mitigés, le chef de l’État congolais, Denis Sassou Nguesso a, par décret n°2017-371 du 21 août 2017, refait confiance à Clément Mouamba, 72 ans, pour mieux dérouler la bande de son programme de société «la marche vers le développement», un projet de continuité a six actes, allant de la place de l'homme dans le développement à la décentralisation, en passant par l'économie numérique et l'emploi des jeunes.

L’ex ministre des Finances de 1992 à 1993 est le symbole même de cette « nouvelle République » et du « gouvernement de rupture » souhaités ardemment par le président Denis Sassou Nguesso après sa brillante réélection le dimanche 20 mars 2016 avec 60% des suffrages exprimés.

Jack MAÏSSA / Les Echos du Congo Brazzaville