Brazzaville, et si c’était la guerre de succession qui commençait ! (2)

Le mensonge est aujourd’hui devenu un moyen très utilisé pour discréditer afin d’écarter ou d’éliminer un homme ou une femme qui peut devenir une alternative crédible. Depuis l’aube des temps, le mensonge a toujours été utilisé en politique, mais les réseaux sociaux en ont fait aujourd’hui une arme redoutable. Il suffit d’une petite insinuation, rien de tangible, une large amplification et voici l’autre couvert d’opprobre. Les tribunaux sont engorgés par les procès en diffamation. Les condamnations se succèdent. Mais tant pis ! Le mal est fait. Le but est atteint.

Le Président américain, donald Trump nous a tous appris un mot : «Fake news». Il est en guerre contre les «fake news». Le Président français, Emmanuel Macron qui en a été victime a lui, demandé qu’une loi soit votée contre les «fake news» entre autres ceux des réseaux sociaux. Le Congo ne fait pas exception. Tout y passe : le vrai, le faux. Tout le monde en est devenu accro. Du vrai ou du faux, tout le monde s’en abreuve. Des stratégies s’installent pour discréditer même ceux que l’on sait innocents. Tant pis ! On utilise les preuves qui sortent sur les uns contre les autres pour mouiller tout le monde. La manœuvre consiste, pour ceux dont on dispose de preuves, à impliquer tout le monde, couvrir tout le monde de boue pour qu’à la fin, personne ne soit poursuivi. Les autres qui sont aux aguets manœuvrent de la même façon, pour qu’à la fin tous ceux dont ils citent les noms soient écartés de la course.

Une enquête minutieuse et objective nous a aidées à mieux comprendre cela. Nous voulions comprendre, surtout partager ce que nous avons appris : la vérité.

Voici comment tout a commencé. Il est des faits suffisamment rares qui, lorsqu’ils surviennent; surtout quand ils ont été vécus, méritent d’être portés à l’attention de tous.

Pour le compte de mes parents, j’assiste souvent aux réunions des sinistrés du 4 Mars. Ma famille a beaucoup perdu lors de ces événements dramatiques. Leurs âges avancés et sur un fond de découragement, ils n’assistent plus à ces réunions; j’ai pris le relais.

Il y a quatre mois, on venait de changer le gouvernement, j’ai assisté à une réunion qui m’a marqué, les participants étaient plus nombreux que d’habitude. Il n’y avait qu’un sujet à l’ordre du jour; «qui va maintenant suivre le dossier du 4 mars au gouvernement ?».

A l’unanimité, ils ont décidé de voir le premier ministre pour lui demander que le ministre qui était en charge de ce dossier, malgré le fait qu’il ait changé de poste, en garde la gestion. J’avoue avoir été surprise. Mais, j’étais fière et heureuse. Voilà des gens originaires de la partie septentrionale du pays choisir un homme de la partie méridionale pour gérer un dossier sur lequel ils étaient les plus nombreux. Cela peut paraître anodin pour tout le monde, pour moi, cela m’a redonné espoir pour le Congo.

Dans un pays où le subjectivisme l’emporte toujours au moment des choix importants, j’étais témoin d’une situation où la raison l’emportait. Un fait rare de nos jours. J’étais très fière de ceux qui en étaient à l’origine. J’en ai parlé à mon époux quand je suis rentrée à la maison et je n’en ai plus parlé autour de moi.

Mais, je me suis intéressée à la personne, jusque-là, un ministre dont on ne parlait jamais, que l’on ne voyait que rarement à la télé. Et pourtant dont on voyait partout les réalisations. Lui dont on ne parlait jamais dans les medias, voilà que depuis quelques mois juste après ce choix, c’est en des termes désobligeants que les réseaux sociaux parlaient de lui sous forme d’insinuations sans rien de tangible, sans en apporter la preuve. Les trois messages sur les réseaux sociaux sont sortis pratiquement à la même période et à des cadences régulières.

Une lecture attentive montrait que ces messages avaient la même source. Des messages traitant du même sujet mais de manière approximative. Il s’agissait des programmes constructions de logements et des expropriations. En incriminant sans rien dire de précis. Visiblement, le dossier n’était pas bien connu par les auteurs.

Mais le flou était savamment entretenu pour jeter le discrédit sur la personne. J’ai voulu comprendre. Je me suis rapprochée de mon amie d’enfance Odette Nganga qui habite à Bacongo. Une amitié d’enfance depuis le Collège Mafoua Virgile. Nous sommes restées depuis très liées et toujours ensemble. Nous militons activement dans la même association qui s’occupe des femmes. C’est ma meilleure amie. Ma «complice». Elle dit la même chose de moi.

Odette Nganga connaît bien «Ya N’SILOU» mieux, elle connait sa famille. L’une de ses nièces milite avec nous dans l’association. D’elle, nous n’avons pas appris grand-chose. Elle ne parle pas beaucoup. C’est de famille. Le peu qu’elle a pu nous dire était suffisamment intéressant pour qu’on le rapporte ici:

«…Dans la famille, nous n’avons jamais voulu qu’il fasse la politique. Il vivait mieux avant quand il ne s’occupait que de ses affaires. Ses affaires étaient prospères. Il a gagné son argent à la sueur de son front. Mon oncle a tout perdu avec la politique; on a tué son père ses frères, sa mère en est morte. Ses entreprises ont été pillées. Il a même été empoisonné il y a trois ans. Cela a été établi à l’Hôpital Américain à Paris où on a pu le sauver. Vous comprenez maintenant pourquoi dans la famille on ne veut pas le voir faire la politique…».

Pour connaitre la vérité sur la construction des logements et les expropriations, Odette et moi avons eu une démarche simple : aller à la source pour avoir la bonne information. Nous nous sommes ainsi rendues au ministère des finances, au cabinet du Ministre Ondongo, au Trésor Public, à SOPRIM et à l’actuel cabinet du Ministre N’SILOU.

Au Ministère des Finances et au Trésor Public, nous y avons des amies de l’association. Cette relation nous a été d’une grande utilité. Les pièces du trésor ont confirmé ce qui existe dans les pièces au Ministère des finances. Les logements ont été construits par deux ministères différents : les grands travaux dans le cadre du partenariat stratégique avec la chine, chantiers Mpila, Camp 15 août à Brazzaville et par le Ministère de la Construction dans le cadre du partenariat public privé (une partie fonds publics, l’autre partie fonds privés), chantiers Camp Clairon, Bacongo à Brazzaville, Oyo, Owando dans la cuvette, Kinkala, Kindamba dans le Pool et Camp Iget à Pointe-Noire.

 

Les autres logements adossés à la municipalisation étaient construits par les grands travaux. Tous ces logements étaient construits en partie avec les budgets d’investissement du Ministère de la construction et le promoteur public qui était la SOPROGI devenue SOPRIM en était le bénéficiaire. Dans les deux partenariats, l’Etat donnait son apport.

Pour la construction des logements réalisés par le Ministère de la construction qui se faisait dans le cadre du partenariat public privé, le trésor avait viré l’argent tout au début directement à SOPROGI. M. Nganguia était alors directeur général. C’était au temps du Ministre Andely qui d’ailleurs avait signé le partenariat public privé, encouragé par la Banque mondiale. Au temps du ministre Ondongo, l’argent, était directement viré à l’entreprise chinoise qui construisait. Ainsi jamais l’argent n’avait été mis à la disposition ni entre les mains du ministre N’SILOU durant toutes les opérations de paiement pour la construction des logements. Les logements ont été construits de manière transparente. Toute personne qui le veut peut accéder à ces informations.

A SOPRIM, Nous y avons trouvé confirmation des informations données par le trésor public et le ministère des Finances. Mieux, des personnes du syndicat certainement indignées par les faux bruits qu’on faisait circuler sur le ministre sortant nous ont donné de bonnes informations. Nous les avons vérifiées. Ces informations sont exactes et peuvent être vérifiées par toute personne le désirant.

« La SOPROGI était sur la liste des sociétés à liquider quand le ministre d’Etat N’SILOU est arrivé à la tête du Ministère de la construction. Le Congo était en programme avec la Banque mondiale. Et SOPROGI était sur la liste des sociétés à liquider. Ses finances étaient exsangues. Le ministre s’y est fermement opposé. Le Président l’a soutenu. Un pays doit avoir un promoteur public pour réaliser des logements là où les promoteurs privés ne voudraient pas aller pour des raisons de rentabilité. La première mission du promoteur public est d’apporter une réponse aux populations au problème du logement sur toute l’étendue du territoire national. Le prix du logement est alors fixé par rapport au pouvoir d’achat des populations cibles et non au coût de construction. A quel prix aurait-on vendu ces logements avec une tonne à l’époque à 250.000 francs CFA? Ainsi on a vendu le même modèle «saka-saka» moitié prix à Oyo, à Owando et à Kinkala par rapport au prix pratiqué pour ce même modèle à Brazzaville. Les logements de SOPRIM ont été construits dans le cadre d’un accord de partenariat public-privé avec une société chinoise. L’apport de chaque partie était financier ou en nature. Un point pour évaluer l’apport des parties était fait chaque mois. Tout a été fait de manière transparente. Les parties avaient mis en place un GIE (groupement d’intérêt économique) pour assurer la commercialisation. La partie chinoise ne disposant pas de personnels avec une compétence commerciale a fait confiance à son partenaire Congolais pour assurer la commercialisation. Tous les logements ont donc été vendus par SOPRIM seule. Prenez les relevés bancaires de SOPRIM ces dix dernières années vous vous en rendrez compte. Tous les acquéreurs ont payé à SOPRIM, y compris l’actuel Ministre de la construction. Il a acquis un logement à SOPRIM; et au même prix que les autres. L’Etat en difficulté ne pouvant plus donner son apport en payant l’entreprise qui construisait, SOPRIM a suppléé seule l’Etat dans le paiement des travaux. C’est là je crois que sa trésorerie a fortement diminué. Mais au début personne ne croyait que N’SILOU allait réussir. Il n’y avait pas encore l’apport de l’Etat, les partenaires chinois attendaient un geste du partenaire Congolais. Rien ne venait. On a vendu les logements en VEFA (vente en état futur d’achèvement) c’est à dire sur plan. Des gens ont pris des risques et tout est parti. Tout s’est fait de manière transparente. Chacun peut pourtant vérifier ce que je viens de dire. Je ne comprends pas tout ce bruit et encore moins ce qui se dit sur le ministre d’Etat N’SILOU. Ce n’est pourtant pas lui qui vendait les logements. Jamais avant lui on avait construit autant de maisons en si peu de temps. Personne n’y croyait quand il a commencé ses programmes. Même nous, on le traitait de rêveur. Mais, Il a montré au pays que c’était possible. Nombreux venant des horizons divers ont acquis ces logements ; mais ce n’était pas assez pour satisfaire tout le monde. Il nous a montré le chemin. Que ceux qui arrivent fassent autant sinon mieux. Nous les observons. Il a laissé près de 9 milliards en argent et en valeur de terrains viabilisés. C’est dans le procès-verbal que les deux Ministres ont signé…»

Nous avons vérifié ces informations. Elles sont exactes.

Lorsque nous nous sommes rendues au cabinet du ministre d’Etat N’SILOU, il nous a été impossible d’obtenir ses commentaires ni de le voir. A son cabinet, les collaborateurs sont restés presque les mêmes. Un Collaborateur du DEP a bien voulu nous montrer les copies du dossier sur la construction des logements :

«Je les avais gardés, on ne sait jamais…» «Les Etats n’ont pas assez d’argent pour financer les grands projets de développement qui vont améliorer les conditions de vie des populations. Ils sont obligés de recourir aux fonds privés. Ces projets sont réalisés dans des partenariats public-privés.

 

Les grands projets sont coûteux. Avec la faiblesse du pouvoir d’achat des populations et surtout l’absence d’aides spécifiques aux ménages, l’Etat doit abandonner une partie de ce qu’il en attend financièrement pour permettre aux populations d’accéder à ces biens. Ce qui ne sera pas le cas pour le partenaire privé qui en attend un gain. L’Etat doit s’acquitter de ce qu’il doit au partenaire privé.

L’Etat fait du social. Il n’existe pas d’aides publiques aux familles pour leur permettre d’accéder au logement. La construction des logements en partenariat public-privé a été la première expérience de ce genre dans notre pays. Elle est observée par d’autres à l’extérieur. L’Etat doit bien la mener à son terme. La crédibilité de notre pays en dépend.

Toute gesticulation pour ne pas payer le partenaire privé ou le constructeur, sera très préjudiciable au pays. Non seulement le pays sera lourdement sanctionné devant les tribunaux mais va aussi repousser les fonds privés dont le pays a tant besoin pour son développement.

Dans ce genre de partenariat, dont la base est la confiance, le sérieux de l’interlocuteur qui représente l’Etat est indispensable…

Après avoir consulté le ministre des finances, le ministre de la construction a fixé souverainement au nom du gouvernement les prix des logements site par site.

A 250.000 frs la tonne, et avec des intrants hors de prix, les coûts de constructions étaient très élevés. Nos populations ne pouvaient pas accéder à ces logements si un effort supplémentaire n’était pas fait par l’Etat.

Il n’y avait pas en ce temps de route lourde entre Brazzaville et Pointe-Noire et la multitude de cimenterie qu’on voit aujourd’hui. Dans leurs projets, nos amis des grands travaux ont été confrontés aux mêmes difficultés. Certaines récriminations qui leurs sont faites sur les coûts des travaux ne sont pas fondées.

Les expropriations ont toutes été faites dans le strict respect des lois. Nous y avions tout intérêt du reste, c’est ici que toutes ces lois sur le foncier ont été faites. Mieux, les propriétaires expropriés ont perçu plus de la valeur de leurs propriétés. Le ministre a introduit une prime appelée «prime de relogement.

«C’est pourquoi, les expropriations n’ont pas fait de bruit. Les expropriations étaient bien sûr payées par SOPRIM. Le cabinet n’a jamais manipulé des fonds pour les logements. Vous savez, nous sommes fiers de notre bilan. Nous avons transformé nos paysages urbains. Sur toute l’étendue du territoire vous voyez dressés nos logements. Nous avons fait du bon boulot. Nous avons montré que c’était possible. Le ministre d’Etat éprouve de la reconnaissance envers le Président pour lui avoir offert l’opportunité de réaliser ces programmes. Ce n’est pas tous les jours que cela arrive dans la vie d’un architecte. Nous avons quitté le département la tête haute. Ce que nous avons fait est visible. Nous avons laissé beaucoup de milliards et des terrains viabilisés à nos successeurs. A eux de faire autant sinon mieux…»

Les informations obtenues au Ministère des Finances, au Trésor Public et à SOPRIM montrent que les logements construits dans le cadre du partenariat Public-Privé, l’ont été de manière transparente et aucun acte délictueux n’a été commis. Ces informations sont accessibles à tous. Toute personne les voulant peut faire le même parcours que nous pour vérifier.

Nous sommes sortis de cette enquête avec une question : pourquoi? Pourquoi lui? Lui qui n’a jamais été candidat à aucun poste.

 

Son erreur est peut-être d’avoir dit un jour : «Jamais je ne serai candidat contre mon frère…» et si le frère n’était pas candidat en 2021 !

Serait-il aujourd’hui victime de ceux qui sont derrière le frère avec des agendas cachés?

 Les Echos du Congo Brazzaville