L’opposant et activiste Modeste Zoubabela a appelé, dans une lettre adressée au premier secrétaire de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS) et chef de file de l’opposition congolaise, Pascal Tsaty Mabiala, au rassemblement et a plaidé pour l’organisation d’une primaire afin de désigner un candidat unique de l’opposition en vue de faire face à la majorité présidentielle conduite par le Parti congolais du travail (PCT, parti au pouvoir) à la présidentielle de 2026 au Congo-Brazzaville.
L’opposition congolaise à couteaux tirés. A un an de la présidentielle, la classe politique congolaise se met d’ores et déjà en ordre de marche. Et l’opposant et activiste Modeste Zoubabela défend l'idée d'une primaire pour trancher une bonne fois pour toute qui sera le candidat unique de l’opposition à la présidentielle de mars 2026, pour éviter l'écueil de la division au premier tour.
« Le moment politique que traverse notre pays exige de chacun de nous une hauteur de vue, un sens du devoir patriotique et un engagement sincère pour la paix, l’unité nationale et la réconciliation. Le rôle de l’opposition dans ce contexte est capital. Mais pour qu’elle soit audible, crédible et utile à la nation, elle doit être unie, structurée et animée par une vision partagée de l’avenir. Or, nous constatons aujourd’hui avec inquiétude que l’opposition congolaise se présente de façon désordonnée, parfois fragmentée, avec des discours divergents dont certains appellent même à la violence et d’autres s’enferment dans une posture de règlement de comptes. Cette dynamique, si elle perdure, risque non seulement de discréditer l’alternance démocratique, mais aussi de devenir un facteur d’instabilité pour notre pays. C’est pourquoi, en tant que chef de file de l’opposition, nous sollicitons respectueusement votre appui ferme et clair en faveur de l’organisation de primaires ouvertes. Ces primaires permettraient de désigner démocratiquement un candidat unique, légitime, rassembleur et porteur d’un véritable projet de société, non pour se venger de ceux qui sont en place, mais pour bâtir un avenir de paix, de justice et de développement dans l’unité nationale », a écrit Modeste Zoubabela à Pascal Tsaty Mabiala.
Selon lui, soutenir ces primaires, c’est poser les bases d’une opposition responsable, disciplinée, tournée vers le dialogue, le respect des institutions, et soucieuse de proposer une véritable alternative politique aux Congolais. C’est également permettre au peuple de choisir un projet clair, porté par une équipe unie, loin des querelles de personnes, de la violence et des logiques d’exclusion.
« Monsieur le Chef de file de l’opposition congolaise, votre voix porte au sein de l’opposition comme dans l’histoire politique de notre nation. C’est pourquoi nous vous lançons cet appel solennel, pour que vous assumiez pleinement le rôle d’architecte du rassemblement, de garant de la méthode, et de promoteur de cette démarche démocratique et inclusive », a précisé l’opposant activiste.
À un an de l’élection présidentielle, l’opposition congolaise peine à s’unir pour peser face au chef de l’État sortant.
L’idée de candidat unique ne semble pas contenter tous les acteurs politiques de l’opposition. Le chef de file de l’opposition, Pascal Tsaty Mabiala a toujours été sceptique à cette idée de candidat unique de l’opposition.
« Nous avions eu, en 2016 une opposition qui était aussi unie et aussi forte. Pourtant, nous n’avons pas été capables d’avoir un candidat unique. Alors, par quel miracle, aujourd’hui, nous arriverons à avoir un candidat unique dans les conditions actuelles ? Je ne dis pas que je suis contre, mais je suis un peu sceptique quant à notre capacité à nous mettre d’accord sur une personne, une femme ou un homme », a déclaré Pascal Tsaty Mabiala en avril dernier lors d’un point de presse au siège de l’UPADS à Brazzaville.
Il y a quelques mois, lors d’une conférence de presse, le président du Parti social-démocrate congolais (PSDC), Clément Mierassa, a soulevé un caillou qui est retombé sur le pied de Pascal Tsaty Mabiala.
Dans une tirade brutale contre le pouvoir en place qu’il a accusé d’incompétence dans la réponse aux attentes des Congolais, le président du PSDC a aussi frontalement attaqué ceux qu'il a taxé de collaborateurs dont l’UPADS et son leader sans le nommer ; appelant au rassemblement de ce qu’il considère comme ”la vraie opposition”.
« Je réitère mon appel pour le rassemblement de la vraie opposition. Je dis bien la vraie opposition, celle qui ne soutient pas l’action du gouvernement et de ce fait, n’a pas par conséquent de deal avec le pouvoir », déclarait-il en rappelant que l’opposition souffre trop et qu’elle a perdu le crédit et la confiance du peuple, qui pense qu’ils sont opposants le jour et collaborateurs la nuit.
Même si l'union fait la force, cette méthode ne fait pas encore consensus auprès des leaders de l’opposition congolaise.
Difficile donc de se prononcer en l'état, tout dépendra de ce que la majorité des partis de l’opposition voudra.
Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville
Photo : DR