Il y a 48 ans, le 18 mars 1977, fut assassiné Marien Ngouabi, troisième président du Congo indépendant. Si l’évocation de Marien Ngouabi renvoie aux structures d’enseignement, édifices et autres avenues qui portent son nom, pour les jeunes générations, Marien Ngouabi est un personnage de l’histoire congolaise, parmi tant d’autres. Et pourtant, celui qui s’était imposé dans l’histoire moderne du Congo en ‘’homme du 31 juillet’’, avait su réorienter le cours de l’histoire politique de son pays. Une œuvre et une vie qui petit à petit s’éloignent de la conscience collective, faute d’être ravivées comme elles l’étaient du temps du monopartisme.
« Le pionnier est un militant conscient et efficace de la jeunesse. Dans tous ses actes, il obéit aux ordres du parti. Il vit à l’image de l’Immortel Marien Ngouabi ».
Tel était l’article premier de la « loi du pionnier », un ensemble de prescrits civiques et moraux que le jeune congolais qui s’identifiait en « pionnier » devait respecter et garder pour boussole, dans tous ses actes du quotidien.
« Vivre à l’image de l’Immortel Marien Ngouabi ». L’engagement n’avait pas seulement valeur de symbole, mais marquait une véritable démarcation dans les faits, la conduite et le comportement.
Si tous les pionniers portaient un foulard vert lors des cérémonies officielles, ceux dont l’engagement était manifeste, « les pionniers de la promesse », portaient un foulard rouge. Un code d’excellence qui les distinguaient des autres autant par leur acte militant que celui de brillant élève, car « vivre à l’image de l’Immortel Marien Ngouabi » équivalait à être « rouge et expert », car lui-même autant qu’il était président du parti, dispensait des cours de physique à l’université.
Pour les jeunes de la génération qui l’a vu au pouvoir, Marien Ngouabi était à la fois un modèle et un symbole.
Modèle de simplicité, de modestie, d’engagement et de courage. La modestie de Marien Ngouabi fut exemplaire. Il fut le seul chef d’État en exercice au monde à s’être inscrit à l’université, au début des années 1970 pour préparer un diplôme de physique, en s’y rendait comme n’importe quel étudiant. « D’autres responsables passent trois mois en Suisse, trois à Nice. Moi je consacre tous mes loisirs à mes études », disait-il.
Marien Ngouabi était avec le peuple, il était dans le peuple, au point que sa mort fut un choc pour l’ensemble des congolais que se pressèrent par milliers pour lui rendre hommage en s’inclinant devant sa dépouille, le 2 avril 1977.
Marien Ngouabi rêvait de bâtir un état « socialiste au sein de l’Afrique centrale. Ce rêve porté en son temps par le PCT, parti « d’avant-garde et de la classe ouvrière s’est évanouit un matin, entre les mois de février et juin 1991, sous la plume de Monseigneur Ernest Kombo, pendant la Conférence nationale souveraine.
Marien Ngouabi était résolument engagé à développer le Congo. Il comptait en cela sur « l’atout-jeunesse ». Une jeunesse « fer de lance de la révolution », politisée et encadrée par l’Union de la Jeunesse Socialiste Congolaise UJSC et le Mouvement National des Pionniers, MNP.
C’est sous Marien qu’est instauré l’uniforme scolaire, afin de ne pas différencier le fil du prolétaire de celui du cadre ou du bourgeois. Malgré les réticences molles de quelques parents vite taxés de contre-révolutionnaires, tous les élèves du Congo de la maternelle au lycée, adoptèrent l’uniforme scolaire. Il en fut presque de même à l’université ou l’expérience fut vite abandonnée.
Face à la jeunesse, Marien Ngouabi ne manquait pas de rappeler : « si toute la jeunesse congolaise s’engage résolument à devenir une jeunesse productive au champ, à l’atelier, à l’usine, à l’armée. Si toute la jeunesse congolaise sort de l’inconscience, de l’indiscipline et tourne le dos à l’indifférence, la république populaire du Congo, dans les années à venir, sera le théâtre des transformations rapides en agriculture au point que les idéalistes pourront parler de miracle ».
« Marien Ngouabi, grand ami de la jeunesse », déclara l’UJSC, Union de la Jeunesse Socialiste Congolaise.
Pendant tout le règne du monopartisme avec le PCT pour parti unique, la date du 18 mars, celle de la mort de Marien Ngouabi, déclarée « journée du sacrifice suprême », donnait lieu à des recueillements ou « des causeries-débats sur la vie et l’œuvre de l’Immortel Marien Ngouabi ».
Une œuvre qui depuis, semble avoir rejoint les placards de l’histoire.
Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville