RDC : 20 ans de «travaux forcés» et «10 ans de déchéance de droits d'exercer une fonction publique» à l'encontre de Vital Kamerhe

20 ans de «travaux forcés» (soit de la prison) et «dix ans de déchéances de droits d'exercer une fonction publique», c'est la peine qui a été requise jeudi par la justice congolaise contre Vital Kamerhe. Allié politique et directeur de cabinet du président de la République démocratique du Congo (RDC), il est le principal accusé d'un procès anticorruption sans précédent.

Kamerhe, 61 ans, est jugé avec deux coaccusés pour détournement de fonds public. Une déchéance vertigineuse pour l’un des politiciens les plus roués et les plus influents du pays, qui s’est fait beaucoup d’ennemis au cours de sa carrière politique.

Félix Tshisekedi ne s’est pas encore exprimé publiquement, mais il semble, aux yeux de tous, que le chef de l’Etat a lâché son binôme. Pour quelle raison ? L’indépendance de la justice et la lutte contre la corruption, comme il ne manquera pas de l’affirmer ? Ou bien par calcul politique, afin de se débarrasser d’un allié devenu trop encombrant ?

Que la mise à l’écart de Vital Kamerhe ait été téléguidée ou non, elle constitue un tsunami politique en RDC. Elle vient crédibiliser une grande partie du discours de Tshisekedi sur la lutte anticorruption et envoie un message général : personne n’est intouchable.

Dans le bras de fer invisible qui se joue entre l’ancien régime, toujours puissant, et la nouvelle présidence, l’avertissement a du poids.

En sacrifiant son précieux partenaire de coalition et en surfant sur une opinion publique favorable, la présidence Tshisekedi pourrait enfin gagner en autonomie. Ou se retrouver durement fragilisé. Un pari à quitte ou double.

Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville