Paris a officiellement annoncé soutenir la Cour pénale internationale (CPI), dont le procureur, Karim Khan, a réclamé des mandats d’arrêt contre des dirigeants israéliens − parmi lesquels le premier ministre, Benyamin Nétanyahou −, ainsi que du mouvement islamiste palestinien Hamas.
« La France soutient la Cour pénale internationale, son indépendance, et la lutte contre l’impunité dans toutes les situations », a écrit, dans un communiqué publié dans la nuit du lundi 20 au mardi 21 mai, le ministère des affaires étrangères français, à propos de ces mandats d’arrêt.
« La France a condamné dès le 7 octobre les massacres antisémites perpétrés par le Hamas. Ce groupe terroriste a revendiqué des attaques barbares dirigées contre des civils, accompagnées d’actes de torture et de violences sexuelles qu’il a lui-même documentés, y compris en les diffusant et en les célébrant », poursuit Paris.
À propos d’Israël, « la France alerte depuis de nombreux mois sur l’impératif de respect strict du droit international humanitaire et notamment sur le caractère inacceptable des pertes civiles dans la bande de Gaza et d’un accès humanitaire insuffisant », ajoute le communiqué. Et de souligner qu’une « solution politique durable » est la « seule » voie pour « rétablir un horizon de paix ».
Le procureur de la CPI, Karim Khan, a déclaré lundi avoir réclamé des mandats d’arrêt contre Benyamin Nétanyahou et son ministre de la défense, Yoav Gallant, pour des crimes tels que « le fait d’affamer délibérément des civils », « homicide intentionnel » et « extermination et/ou meurtre » en lien avec l’opération israélienne à Gaza.
Karim Khan a aussi demandé des mandats contre trois hauts dirigeants du Hamas − Ismaïl Haniyeh, Mohammed Deif et Yahya Sinouar − pour notamment « l’extermination », « le viol et d’autres formes de violence sexuelle » et « la prise d’otages en tant que crime de guerre ».
Si les juges de la CPI décident d’émettre le mandat d’arrêt contre Benyamin Nétanyahou, cela signifie que, en théorie, n’importe lequel des 124 États membres de ce tribunal serait obligé de l’arrêter s’il se rendait sur leur territoire. Mais même si le mandat pourrait compliquer certains déplacements de Benyamin Nétanyahou, la CPI ne dispose d’aucune force de police pour faire appliquer ses mandats et s’appuie sur la volonté de ses États membres de jouer le jeu.
« En tant que premier ministre d’Israël, je rejette avec dégoût la comparaison du procureur de La Haye entre Israël », un pays « démocratique », et « les meurtriers de masse du Hamas », a commenté Benyamin Nétanyahou.
Le ministre des affaires étrangères israélien, Israël Katz, avait très vite dénoncé une « décision scandaleuse », « un déshonneur historique » pour la CPI, qui a son siège à La Haye. Le Hamas palestinien a pour sa part dit « condamner fermement » la décision du procureur de la Cour et dénoncé ses « tentatives » d’« assimiler la victime au bourreau ».
Si Paris soutient la CPI, le Président américain, Joe Biden, a défendu Israël face à la justice internationale, jugeant « scandaleuse » la demande de mandats d’arrêt contre des dirigeants israéliens.
Son chef de la diplomatie, Antony Blinken, a déclaré que la démarche du magistrat était « une honte ».
L’Allemagne a regretté la « demande simultanée » du procureur qui donne selon Berlin « l’impression d’une fausse équivalence » entre les dirigeants israéliens et ceux du Hamas. En France, plusieurs dirigeants de la gauche se sont félicités lundi de l’annonce de la CPI.
Bertrand BOUKAKA/Les Échos du Congo-Brazzaville