Une française condamnée pour avoir abandonné un enfant qu'elle avait adopté à Brazzaville

Une quadragénaire française originaire de Fréjus (Var) a été condamnée par le parquet de Draguignan à 10 mois d'emprisonnement avec sursis jeudi 17 décembre 2020 pour délaissement de mineur. Elle avait abandonné un enfant orphelin après l'avoir adopté à Brazzaville, la capitale congolaise.

Après avoir lancé des démarches en 2015, Ingrid L. obtient en 2017 l'adoption plénière de Michel, recueilli à seulement 8 mois par un orphelinat. Il obtient la nationalité française en 2017. Cependant, après l'avoir rencontré en 2018, la française l'abandonne à Brazzaville.

L'enfant, aujourd'hui âgé de 8 ans, avait alors été retrouvé sur les marches d'une église.

"Lors de la semaine que j’ai passée avec lui, il était ingérable. Il fallait constamment le surveiller. Tout le temps, à chaque minute. J’ai senti qu’il serait finalement mieux à l’orphelinat qu’avec moi", a tenté de se justifier Ingrid L.

Des arguments qui n'ont pas convaincu le tribunal correctionnel de Draguignan qui a également prononcé à l'égard de cette assistante sociale dans un service d'action éducative en milieu ouvert, une interdiction d'exercer une activité professionnelle en contact avec des mineurs, la privant ainsi de son emploi.

La Fréjusienne a également déclaré ne pas avoir réalisé que la procédure d'adoption qu'elle avait lancée était définitive.

L'avocate d'Ingrid L, Me Juliette Bouzereau, a plaidé que "la prévention de délaissement" ne tenait pas dans la mesure où "la santé et la sécurité de l’enfant" étaient "assurées", celui-ci ayant été laissé dans l’orphelinat où il était déjà accueilli.

Me Muriel Gestas, qui défend-elle les intérêts de l'enfant, demande un traitement personnalisé pour cet orphelin qui est désormais un français bloqué à Brazzaville.

"Il vaudrait mieux, plutôt qu'un placement en foyer, saisir un juge aux affaires familiales pour qu'il puisse prononcer la déchéance d'autorité parentale et qu'il soit placé ensuite dans une famille d'accueil", a estimé l'avocate.

"Cet enfant, qui n'est plus adoptable, n'est pas un cas lambda, il a vécu un traumatisme spécifique après un premier abandon à l'âge de huit mois et un nouveau quand sa maman [la française condamnée] l'a abandonné à l'orphelinat devant tous les autres gamins qui lui disent aujourd'hui 't'as vu, la maman blanche elle a pas voulu de toi'", raconte Me Gestas.

Selon le Ministère français des Affaires étrangères, 421 enfants ont été adoptés à l'étranger par des ressortissants français ou des étrangers résidant en France en 2019.

Le Congo est le cinquième pays d'origine (derrière le Vietnam, la Colombie, la Thaïlande et Haïti).

Jacques Jarele SIKA / Source : LADEPECHE.fr