Crépin Mabiala, 41 ans, père de cinq enfants, sans emploi, a brûlé son père Thomas Mabiala avec un fer à repasser. Ce dernier aurait commis cet acte irresponsable parce qu’un pasteur de l’église lui aurait signifié que son père était un sorcier voilà pourquoi il ne trouve jamais de travail pour bien prendre en charge sa petite famille.
Confirmant l’incident, sa mère a déclaré : « Ils nous ont dit à l’Église où nous allions pour des prières qu’il était un sorcier. Mon fils a dû utiliser un fer chaud pour brûler son bras et son abdomen avant de l’attacher à la porte. Quand je suis arrivée, il y avait une foule devant notre maison. Après quelques minutes, la police est arrivée et a arrêté mon fils, et j’ai emmené mon mari à l’hôpital ».
Crépin Mabiala a été placé en garde à vue au commissariat de Police de Madingou.
A travers cette histoire apparaît l'autre facette du Congo réputé pour ses gris-gris, autrement dit la sorcellerie.
Dans le pays, on ne décède jamais de mort naturelle. Il y a, derrière chaque décès, une main obscure qui a tué. Quand ce n'est pas la tante du défunt, c'est un oncle, une grand-mère, un grand-père ou un jaloux qui a lancé les sorciers à ses trousses pour arrêter son ascension sociale ou mettre fin à sa vie.
La devise est bien assimilée par tous les congolais : « L’okoumé ne tombe jamais seul ».
Selon des sources concordantes, les sorciers opèrent le plus souvent la nuit. A ce moment, l'esprit quitte le corps pour aller participer aux réunions nocturnes, conclave quotidien obligatoire tenu généralement dans le tronc de l'arbre. C'est là qu'ils établissent la liste de leurs victimes et la sale besogne commence. La future victime fait des cauchemars en plein sommeil. Des maux de tête inexpliqués commencent, la température monte. En quelques heures ou en quelques jours, le forfait est accompli. Rien ne viendra soulager les différents malaises et la victime décède. Son âme a été volée par les sorciers qui la transforment en volaille ou en porc pour être mangé. L'oracle viendra ensuite certifier que la mort est surnaturelle, qu'elle était l'œuvre des sorciers et des sorcières.
Et depuis longtemps, la traque des présumés sorciers continue sans relâche dans le pays. Etre vieux ou avoir des cheveux blancs dans une famille devient à tort ou à raison, un véritable danger pour le reste de la famille.
Jack de MAÏSSA / Les Echos du Congo Brazzaville