Les Congolais ont été émus en voyant des images horribles d'une maman sauvagement blessée par des bébés noirs à Mikalou, mardi 13 mai dernier entre 4h et 5h du matin. L'infortunée accompagnait sa fille à l'hôpital de Talangaï qui avait des menaces d'accouchement.
Finalement, une semaine après cette agression doublée d'un vol de 600. 000 FCFA et de deux téléphones-portable, la police a pu mettre la main sur deux des quatre présumés agresseurs, selon Le Troubadour de Brazzaville, Journal d'investigation et d'information générale.
Il s'agit de Moussimima Tommy Kelly alias Mobile money (30 ans) et Essié Asnel alias Maréchal Bobo (18 ans).
La troisième personne interpellée par la police, Onka Perséverence (18 ans) fait partie de la même écurie que les deux présumés co-auteurs ; écurie connue sous le nom des "Américains" Moussimima Tommy Kelly alias Mobile money, qui passe pour le chef de la bande, a été interpellé à Bambou, un petit village situé après Ignié, à plus de 45 km au nord de Brazzaville, souligne le Journal d'investigation et d'information générale .
Sur les deux téléphones volés, un a pu être retrouvé, précise la même source.
Au cours de leur interrogatoire, les suspects ont avoué les faits qui leur sont reprochés. « Les investigations menées à la suite de l’enquête qui a été ouverte ont permis aux services de police d’interpeller trois individus qui avaient participé à cette agression. Au cours de leur interrogatoire d’enfermement, deux d’entre eux ont avoué sans ambages les faits », a expliqué le Lieutenant-Colonel Magloire Anicet Mayoumi Koumba.
Il a indiqué que les trois suspects seront poursuivis pour vol qualifié, coups et blessures volontaires et association de malfaiteurs. Une procédure est en cours de rédaction pour que ces trois individus soient présentés au procureur de la République, afin que la loi soit appliquée dans toute sa rigueur, a-t-il souligné.
Les enquêteurs recherchent encore deux autres présumés criminels qui demeurent introuvables.
« Bébés noirs », ce terme est le symbole d’une violence urbaine morbide équivalente à celle accouchée, voici peu, par les kuluna, autres enfants terribles de la délinquance urbaine exportée par Kinshasa (RDC).
Ils imposent leur loi à coups de gourdin ou de Douk-Douk, ce couteau de poche inventé par la coutellerie Cognet en 1929.
Ils gagnent du terrain à Brazzaville et à Pointe-Noire. Tant pis si, pour un téléphone, des bijoux ou quelques billets, ils doivent sortir la machette.
Violents et sans états d’âme, les « bébés noirs » sèment la terreur dans les rues de Brazzaville et Pointe-Noire.
Ils sont là. Toujours en bande, armés et dangereux. Il y a des quartiers de Brazzaville et Pointe-Noire, où l’on n’ose plus aller la nuit.
On parle d’un niveau d’attaque bestial ne faisant pas de quartier. Les victimes s’en sortent délestées de leurs biens avec, à la clef, de profondes balafres au visage, des bras amputées quand elles n’y laissent pas leur vie.
Les Congolais avec leur manie de l’oxymore sont étonnés qu’on puisse être adolescent et se comporter en boucher !
Les « bébés noirs », arborent des cagoules noires quand ils passent à l’attaque, preuve que ceux qui sont attaqués sont des connaissances qui pourraient les reconnaître.
Dans certains quartiers de Brazzaville et Pointe-Noire, les populations excédées sont parfois obligées de se constituer en « milices d’autodéfense », une pratique qui va pourtant à l'encontre des lois et règlements de la République. La population a commencé à faire vengeance elle-même avec le nouveau phénomène qu’elle appelle "barbecues". Il suffit de jeter un coup d’œil sur les réseaux sociaux et vous verrez comment les « bébés noirs » sont en train d’être brulés, sans pitié et remords.
En définitive le phénomène des bébés noirs est perçu aujourd'hui comme un véritable casse-tête chinois pour les gouvernements et pour la population qui en paye le prix. Le Congo devient comme un sanctuaire où à la moindre incartade on perd gratuitement la vie du fait des bébés noirs.
Au cours du traditionnel réveillon d’armes de fin d’année, le 31 décembre dernier à Brazzaville, Denis Sassou-N’Guesso, le chef suprême des armées, assure avoir « entendu que vous vouliez que cela change ».
Le Président de la République a demandé à la force publique de poursuivre, en 2025, l’effort d’éradication complète du grand banditisme dans les grandes villes et à l’intérieur du pays.
En sus de l’éradication du grand banditisme urbain, la force publique devrait également contrôler les frontières nationales afin qu’elles ne soient pas des passoires des hors-la-loi venus d’ailleurs.
De la parole aux actes, le peuple attend toujours de retrouver sa quiétude en vaquant à ses occupations, sans peur ni crainte d'agression, quelle que soit l'heure, dans tous les coins et recoins de la République.
Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville
Photos : DR