Brazzaville : évasion massive des jeunes criminels connus sous le nom « bébés noirs », plus de cinq morts par balles et plusieurs blessés

Dans la nuit de jeudi à vendredi, pendant que les conditions météorologiques étaient médiocres, il a été enregistré une évasion massive des jeunes criminels connus sous le nom « bébés noirs », entassés après leur interpellation lors de l'opération « coup de poing », à la CNSS de Texaco, au bâtiment B. Les grilles ont été forcées sous la pluie et l’incident a fait plus de cinq morts par balles et plusieurs blessés. Plus de 130 détenus se sont évadés, a-t-on appris auprès d’une source policière.

Selon la même source, ces jeunes criminels attendaient leur intégration à Aubeville (Bouenza) et à Bokania (Cuvette), les deux centres de rééducation et d’insertion.

Malheureusement, la mise en état de fonctionnement de ces centres est reportée aux calendes grecques.

En octobre dernier, la police avait signalé une tentative d'évasion stoppée par des agents de sécurité.

Cette fois-ci aucun "bébé noir" n'a pu se faire la belle alors que le 29 juillet dernier, aux environs de 2h du matin, une dizaine d'entre eux avait réussi à s'échapper après avoir défoncé la grille d'une cellule. Sur la vingtaine d’individus impliqués, une dizaine a pu être rattrapée par les autorités.

En août dernier, le procureur de la République, André Oko Ngakala, a effectué une visite au site de Texaco la Tsiémé, où sont actuellement détenus plusieurs « bébés noirs » arrêtés dans le cadre de l’opération « Coup de poing ».

Lors de cette visite, il a appelé les forces de l’ordre à la pérennisation de cette opération pour assurer la sécurité et la quiétude des habitants de Brazzaville.

Lancée le 14 mai 2024 par le Commandement de la région de Gendarmerie et le Commandement territorial de la police de Brazzaville, cette opération vise à rétablir l’ordre public et à permettre aux citoyens de vaquer à leurs occupations en toute sécurité.

Cette opération a conduit à l’arrestation de plus de 300 personnes, désormais placées en détention dans un site particulier à Texaco la Tsiémé.

Malgré les efforts fournis par les forces de sécurité, le pays est toujours confronté à une vague de criminalité organisée due à un enchevêtrement de multiples facteurs de vulnérabilité dans l'appareil de l'Etat.

Les armes blanches pullulent malgré la présence des postes avancés dans plusieurs quartiers de Brazzaville. Les fusils à canon scié et crosse coupée sont à la mode pour braquer. Ils se portent sous un vêtement ample ou même à califourchon sur une moto.

L'insécurité ressentie dans les quartiers de Brazzaville connaît une tendance à la hausse significative. Déstabilisée par la consommation de drogue et la pression migratoire, la ville a basculé dans une violence aux accents latino-américains, la capitale congolaise n'est plus l'Eden du temps d'avant. L'alcool et les rassemblements musicaux agissent comme des mèches lentes. Les armes comme des détonateurs.

Chaque automobiliste ou presque dispose de sa machette, indispensable face à une nature sauvage. C'est un équipement de sécurité, au même titre que la roue de secours.

Au cours du traditionnel réveillon d’armes de fin d’année, le 31 décembre dernier à Brazzaville, Denis Sassou-N’Guesso, le chef suprême des armées, assure avoir « entendu que vous vouliez que cela change ». Il en a profité surtout pour tracer quelques perspectives pour l’année 2025.

Le Président de la République a demandé à la force publique de poursuivre, en 2025, l’effort d’éradication complète du grand banditisme dans les grandes villes et à l’intérieur du pays. En sus de l’éradication du grand banditisme urbain, la force publique devrait également contrôler les frontières nationales afin qu’elles ne soient pas des passoires des hors-la-loi venus d’ailleurs.

« Ainsi, avec la mise en œuvre des missions permanentes comme cela vient d’être dit par le chef d’état-major général des Forces armées congolaises et des quelques instructions que je viens de donner et avec le lien étroit qui existera toujours entre la Force publique et son peuple, nous pensons que nous allons maintenir un climat de paix totale dans notre pays », a déclaré le chef suprême des armées.

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville

Photo : DR