L’insécurité, un fléau têtu au Congo avec des kulunas qui imposent leur loi dans les quartiers de Brazzaville

Depuis plusieurs années, les routes sont devenues dangereuses pour les brazzavillois. Les Kulunas ou bébés noirs sont toujours sur pied de guerre et imposent leur loi dans tous les quartiers et au centre-ville de Brazzaville, la capitale congolaise. C’est le cas notamment au quartier Don Bosco, dans le 9e arrondissement au nord de la capitale congolaise, où un jeune congolais a été sauvagement agressé lundi dernier aux environs de 18 heures, devant son portail,  par un Kuluna bien connu et déjà impliqué dans plus de trois actes criminels.

L'insécurité ressentie dans les quartiers de Brazzaville connaît une tendance à la hausse significative.

Déstabilisée par la consommation de drogue et la pression migratoire, la ville a basculé dans une violence aux accents latino-américains.

La capitale congolaise n'est plus l'Eden du temps d'avant.

« Voyez l'épaisseur de nos trousseaux de clefs, fait observer un habitant de la ville. Les gens de ma génération vous parleront avec nostalgie de l'époque où l'on laissait ouverte la porte de son domicile, où l'herbe couvrait les trottoirs ».

L'alcool et les rassemblements musicaux agissent comme des mèches lentes. Les armes comme des détonateurs.

Chaque automobiliste ou presque dispose de sa machette, indispensable face à une nature sauvage. C'est un équipement de sécurité, au même titre que la roue de secours.

Les armes blanches pullulent malgré la présence des postes avancés dans plusieurs quartiers de Brazzaville.

Les fusils à canon scié et crosse coupée sont à la mode pour braquer. Ils se portent sous un vêtement ample ou même à califourchon sur un vélo.

A cette génération, les 15-25 ans, inutile de parler d'ascenseur social au moment où le plancher s'effondre.

«Brazzaville est en train de devenir une ville dangereuse. Tous les moyens doivent être mis en œuvre afin de tendre vers ce but : la sécurité et la tranquillité des populations sont en effet de réelles priorités et la peur doit changer de camp », nous a confié un habitant de la capitale congolaise, citant les cambriolages qui ont « explosé dans la ville», les rixes, « les places de deal », il s'alarme aussi des agressions contre les paisibles citoyens qui « ont augmenté de plus de 50 % l’année dernière».

«Une telle succession d'événements sidère évidemment l'opinion publique, mais méfions-nous de l'effet de loupe », tempère un autre habitant de Brazzaville.

Au cours du traditionnel réveillon d’armes de fin d’année, le 31 décembre dernier à Brazzaville, Denis Sassou-N’Guesso, le chef suprême des armées, assure avoir « entendu que vous vouliez que cela change ».

Il en a profité surtout pour tracer quelques perspectives pour l’année 2025.

Le Président de la République a demandé à la force publique de poursuivre, en 2025, l’effort d’éradication complète du grand banditisme dans les grandes villes et à l’intérieur du pays.

En sus de l’éradication du grand banditisme urbain, la force publique devrait également contrôler les frontières nationales afin qu’elles ne soient pas des passoires des hors-la-loi venus d’ailleurs.

« Ainsi, avec la mise en œuvre des missions permanentes comme cela vient d’être dit par le chef d’état-major général des Forces armées congolaises et des quelques instructions que je viens de donner et avec le lien étroit qui existera toujours entre la Force publique et son peuple, nous pensons que nous allons maintenir un climat de paix totale dans notre pays », a déclaré le chef suprême des armées.

 Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville

Photo : DR