Mayoko, c’est la commune minière par excellence du département du Niari (sud). Dans cette partie du pays, l’or brille pour tout le monde. La vie est belle. Ses habitants mangent gras et boivent frais. Seulement, cette description est le souvenir d’un passé lointain. Dans la réalité, la ville de Mayoko aujourd’hui n’est que l’ombre d’elle-même. Elle a un passé glorieux et un avenir hypothéqué. Pour cause, l’or qui semblait faire son bonheur est devenu son malheur. La course effrénée au métal jaune est en train de tuer à petit feu la ville. Des animaux qui meurent, une déforestation inouïe, des populations victimes de maladies respiratoires chroniques, des surfaces de terre cultivables détruites. Les causes de ces maux se trouvent dans les ruines des sociétés chinoises et des sites d’orpaillage.
L’utilisation du cyanure, de l’acide, du zinc dans la recherche du métal jaune a fini par polluer la nappe phréatique. Tout le sous-sol de Mayoko est contaminé. L’eau est impropre à la consommation. Elle contient une forte dose de l’arsenic. Les voies de pâturage sont obstruées par des sites de traitement de cyanure à ciel ouvert.
La tête baissée, la main sous le menton et la gorge nouée de chagrin, un habitant des pays de Mayoko révèle : « plus d’une dizaine d’animaux sont morts après avoir bu de l’eau contaminée au cyanure ».
« Même les sols cultivables sont remués. Du coup, les terrains sont dégradés et ça devient impropre à l’usage agricole », confie-t-il, l’air impuissant face à la situation. Il avoue que lui et sa petite équipe ne peuvent rien contre les chercheurs d’or.
Dans tous les pays de Mayoko (Moungundou-Nord, Mayoko, Mbinda), les orpailleurs étrangers mènent une coupe abusive sans précèdent du bois pour maintenir leurs trous. Pour leurs habitations spontanées et leurs hangars, c’est encore la forêt qui saigne.
En réalité, confesse-t-il, le désastre environnemental des pays de Mayoko ira loin. Il en veut pour preuve l’utilisation anarchique des produits chimiques. Selon lui, la grande menace est la rivière louetsi. Les poissons et autres animaux vivant dans cette rivière sont menacés. Par-dessus tout, ce sont les humains qui courent un grand risque.
Les populations des pays de Mayoko regardent le drame venir lentement mais sûrement. Dans un soupir profond, elles lancent un appel au secours.
En réunion en août dernier avec les sociétés exerçant dans le département, la préfète du Niari avait demandé aux sociétés chinoises de respecter les procédures et les normes. Mais la pratique sur le terrain tranche parfois.
Le Congo est désormais un pays à vocation minière, et pour extraire l'or qui est dans le sous-sol il faut dévaster, décaper, défricher , détourner les lits des cours d'eau,...bref l'écosystème subit. Malheureusement, les travaux de réhabilitation des sites exploités ne suivent pas véritablement (absence des études d'impact, plan de gestion environnementale, cahiers de charges réglementaires et autres).
Sur le terrain, il n'y a pas des agents des administrations habilitées pour suivre, contrôler et orienter les partenaires.
Les autorités locales ne peuvent exercer l'activité de contrôle des activités minières ; et ça beaucoup de personnes ne le comprennent pas jusqu'à penser qu’elles sont corrompues ou complices.
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Jean-Jacques DOUNDA / Les Echos du Congo-Brazzaville