Le Nzombo est un poisson qu’on trouve dans le fleuve ainsi que plusieurs rivières du Congo et qui aime se nourrir de noix de palme en grimpant sur le palmier. Il se mange séché plutôt que frais. Au marché Bouemba, le plus grand marché des poissons frais et fumés, situé à Ouenzé, dans le 5e arrondissement de la capitale congolaise, les vendeuses et usagers cohabitent avec les ordures. Le constat ce samedi 11 janvier 2025 est écœurant. Des sachets plastiques déchirés, des restes de nourriture, des légumes et fruits pourris, des matières fécales, des écailles de poissons, les eaux usées et autres déchets pavent le sol.
« C’est trop sale », commente un usager. Le marché est scindé en deux. Si la partie réservée aux revendeuses de condiments, divers, fruits et légumes ne présente pas le même aspect, celle dédiée à la vente de poissons dont la diversité est manifeste, est couverte de détritus.
Des tas d’ordures qui de par leur volume forment désormais des digues sur la rue Mayoko, porte d’entrée du marché Bouemba.
Pourtant, hommes et femmes, enfants et adolescents et même des bébés y passent leurs journées dans une indifférence totale, mangeant et buvant malgré l’odeur pestilentielle qui supplante celle du poisson frais.
Des mouches se posent sur des poissons. « Il arrive que certains clients s’en aillent à cause de l’insalubrité. », déclare l’usager en jetant des coups d’œil de gauche à droite. « Il faut filmer ça », s’exclame alors un connaisseur du marché.
Sans poubelles, certaines vendeuses sont contraintes d’abandonner leurs ordures au marché.
Parmi les déchets, des aliments sont notamment retrouvés ‘’en état de décomposition”. Le marché demeure dans son état insalubre. Personne pour dire ce qui est fait des différentes sommes. « Rien n’est fait pour améliorer leurs conditions de vente », s’insurge un client, implorant le secours de l’Etat.
Sur la rue Mayoko, près de la principale montagne d’ordures, une femme assise décortique à la main de petits poissons. Ça fait quinze ans (15 ans) qu’elle travaille ici.
Quand on lui demande son opinion sur les ordures et eaux usées, elle sourit et marmonne des mots en langue locale (lingala). Une cliente traduit : « Je vis dedans, je suis née dedans, je suis habituée ».
Vivement la construction du marché Bouemba. Ainsi, les hangars de fortune, les parasols sans fin cèderont place, à un lieu de vente où les commodités et l’hygiène seront de mise.
L’occasion de repenser le modèle de gestion des déchets dans ce marché. Et cette année 2025, vendeuses et consommateurs espèrent une action du gouvernement.
Jean-Jacques Jarele SIKA / Les Echos du Congo-Brazzaville