Pourquoi les poubelles continuent de s'entasser dans certains quartiers de Brazzaville ?

Certaines rues de la capitale congolaise ont désormais des allures de décharge à ciel ouvert. C'est une image qui est devenue presque habituelle à Brazzaville. Des poubelles qui débordent dans les rues et des déchets qui s'accumulent et jonchent les trottoirs dans plusieurs quartiers de Brazza la verte. Une odeur pestilentielle remplit l’atmosphère. L’exemple de l’intersection entre l’avenue de France et l’avenue Marien Ngouabi à poto-poto est assimilable à une « invasion ».

En pleine société de consommation, Brazzaville voit considérablement augmenter le nombre de déchets et se pose la question de l’efficacité. Stockage ou recyclage ? Tout a un prix.

Cette « invasion » inquiète. Des montagnes de déchets font office de décoration des fêtes de fin d'année. Les moustiques s’accumulent, avec un vrai risque sanitaire.

Dégoût et sentiment d’abandon, voilà ce que vivent ces habitants du quartier Poto-Poto, le seul et unique quartier cosmopolite de Brazzaville, souvent le plus délaissé.

Depuis quelques mois, le spectacle des décharges temporaires a pris des proportions inédites. Des nuées de mouches entourent un gigantesque tas d’ordures dans lequel plusieurs dizaines de rats picorent leur nourriture. De gros rats ont élu domicile dans cette montagne d’immondices au niveau de l’intersection entre l’avenue de France et l’avenue Marien Ngouabi à poto-poto et à hauteur de la station Afric. Ils y se la coulent douce.

Les passants souvent se bouchent le nez, accélèrent le pas en sautant les eaux de pluie ou se faufilant entre les véhicules qui passent toutes vitres fermées.

Brazzaville est dans une insalubrité inquiétante constatée à chaque coin de rue dans la capitale. Les inondations actuelles d'une partie de la ville capitale viennent une fois de plus confirmer cette thèse.

La paix et le vivre-ensemble dans le pays passent aussi par la salubrité publique. On ne pourra pas vivre en paix et s’occuper de ses affaires si des épidémies se déclarent à cause de la mauvaise gestion des montagnes d’ordures qui empestent l’air. La pollution est un vecteur dangereux des maladies, dont le paludisme, première cause des décès dans les hôpitaux de la République congolaise.

Par contre, la bonne gestion des ordures publiques et ménagères contribue à l’amélioration du cadre de vie des populations. Le retard dans l’évacuation des immondices pose un vrai problème de santé publique, car les décharges sont des foyers de microbes. Évacuer ces immondices, c’est soigner en amont au lieu d’attendre de guérir des gens malades.

Et pendant que nous observions les tas de déchets qui venaient d’être secoués par le passage d’une pluie torrentielle, des bacs à ordures sortaient des quartiers ; direction le même tas d’ordures qui reçoit un lot supplémentaire. D’ici demain que va devenir ce lot d’ordures alors que le ciel annonce une nouvelle averse ?

D’où vient le problème ? Bon nombre de brazzavillois sont d’accord, les déchets sont un sujet. Un gros sujet.

Aux grands maux les grands moyens

Assurer la fraîcheur de Brazzaville reste aujourd’hui une organisation complexe. Il y a d’abord le partage des responsabilités entre Averda, en charge au global de la collecte des déchets et les Mairies de secteurs, qui organisent la propreté de leurs quartiers.

Il y a encore trois décennies, Brazzaville était admirée de tous et passait pour l’une des plus belles d’Afrique. On la surnommait « Brazza la Verte ». Mais ce n’est plus qu’un souvenir lointain. Les habitants ont commencé à appeler la capitale « Brazza la Poubelle », tant il était rare de voir une rue non parsemée d’ordures.

Vivement, sur fond sonore de pelles qui raclent le sol, les uniformes bleus employés par la société Averda s’agitent pour ramasser les ordures en cette période pluvieuse. Pire que l'odeur, les rats.

Que Brazzaville s'engage profondément dans le combat en faveur de la planète, encore va falloir que « les architectes de l’incivisme » empruntent le pas.

A suivre...

Germaine MAPANGA / Les Echos du Congo-Brazzaville